01 Août 2013

Faire parler l’air et la pluie pour comprendre les maladies du froment

Comme le pollen, les spores des champignons pathogènes du froment sont de microscopiques propagules qui peuvent prendre la voie des airs pour se disperser. Leurs déplacements aériens sont mal connus, si bien que les modèles prévisionnels du développement des maladies ont jusqu’ici considéré que l’inoculum aérien était « un peu partout ».

Une telle approximation ne permet évidemment pas de prévoir le déclenchement, ni l’intensité des infections dans un champ de froment, et l’on est réduit à guetter les premiers symptômes pour deviner le niveau de pression des différentes maladies et éventuellement ajuster la protection. Or, quand le symptôme apparaît, la plante est déjà infectée et une partie du potentiel de rendement est déjà perdu. Dans la pratique, les conseils aux céréaliers se fondent donc principalement sur l’expérience des années antérieures, et sur la connaissance du développement des maladies en fonction des conditions météorologiques une fois les plantes infectées.

Le CRA-W et l’UCL ont tenté de mesurer les flux de spores des principaux pathogènes du blé avant qu’elles n’infectent les plantes. Pour cela, des capteurs de spores aspirant 14 m³ d’air en 24 heures ont été distribués en un réseau couvrant les principales zones de grande culture de Wallonie, et couplés à des stations météo. A proximité de chaque capteur, des essais permettent de surveiller l’apparition et le développement des maladies et de tester des schémas de protection. Les spores recueillies sont identifiées par des outils moléculaires permettant d’évaluer quotidiennement la concentration de l’air en spores des principales maladies du blé. La même démarche est suivie simultanément pour mesurer la concentration de spores lessivées par les pluies.

Cette approche originale a déjà permis une belle avancée dans la compréhension de l’épidémiologie de la septoriose du blé en démontrant que la phase épidémiologique inclut des cycles sexués produisant des spores dispersées par le vent et pouvant infecter directement les étages foliaires supérieurs. Ces résultats permettront d’ajuster les modèles prévisionnels qui, jusqu’à présent, n’envisageaient que la progression de la septoriose à partir du bas des plantes. A terme, de telles observations pourraient alimenter directement les conseils donnés en saison aux agriculteurs afin qu’ils puissent ajuster la protection en fonction des menaces mesurées …dans l’air !

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