Après la période d'abondance associée à l'intensification des systèmes agricoles qui a fait suite à la Seconde Guerre mondiale, la sécurité alimentaire suscite de nouveau l'intérêt des communautés politiques et scientifiques en raison de la confluence sans précédent de trois menaces principales : la croissance démographique, l'augmentation de la demande d'aliments d'origine animale (AOA) par habitant et la crise environnementale qui s’accentue.
Les systèmes de production animale contribuent grandement à la sécurité alimentaire en produisant des aliments riches en énergie, en protéines, en vitamines et en micronutriments à partir de ressources non consommables par l'Homme (fourrages et co-produits). Cependant, ils représentent également une menace pour la sécurité alimentaire en raison de leur utilisation inefficiente d’aliments comestibles par l'Homme et de terres cultivables.
L'objectif principal de cette thèse était d'estimer la contribution des systèmes laitiers à la sécurité alimentaire et de définir des pistes d'amélioration. Les systèmes laitiers sont particulièrement intéressants à cet égard, car ils utilisent de faibles quantités d'aliments consommables par l'Homme par unité d’AOA produit. L'étude de cas se concentre sur la Wallonie, une région très intéressante de par la diversité de ses systèmes laitiers. Les données utilisées dans le calcul d’indicateurs sont les données comptables agricoles (RICA) d’exploitations laitières spécialisées.
Quatre sous-objectifs ont été poursuivis.
- Le premier était de décrire un nouvel indicateur, la « productivité nette », qui représente plus fidèlement la contribution des exploitations laitières à la sécurité alimentaire en tenant compte à la fois de l'utilisation d'aliments consommables par l'Homme et de l'utilisation des terres.
- Le deuxième objectif était d'estimer la marge d'amélioration de cette contribution à la sécurité alimentaire sur base d'une utilisation optimale des prairies et des co-produits.
- Le troisième objectif était d'analyser la résilience (stabilité dans le temps) de la contribution à la sécurité alimentaire.
- Le quatrième objectif était d'analyser la contribution « indirecte » des élevages à la sécurité alimentaire, en particulier le potentiel d'un troupeau de bovins à soutenir la fertilité des cultures vivrières grâce au fumier.
- Enfin, le dernier objectif était d’analyser des exploitations permettant de concilier la contribution à la sécurité alimentaire et les autres aspects de la durabilité.
En conclusion, nos résultats soulignent l'importance d'une utilisation efficiente des prairies permanentes dans le cadre de la contribution à la sécurité alimentaire des systèmes laitiers, à la fois en termes de productivité nette moyenne, de résilience de la productivité nette et de durabilité globale.
Nous avons démontré comment, du point de vue de la durabilité, l'augmentation de la contribution à la sécurité alimentaire devrait être réalisée avec de meilleures techniques et connaissances plutôt qu'avec des intrants supplémentaires.
Nous avons également illustré l'intérêt des co-produits riches en énergie pour compléter un régime à base d'herbe.
Cependant, la compétition sur les co-produits s'intensifie, ce qui implique un approvisionnement incertain pour les systèmes d'élevage à l'avenir. En Wallonie, les agriculteurs se désintéressent de l'herbe, et en particulier du pâturage, en raison de différentes circonstances telles que le changement climatique, l'expansion et l'intensification des exploitations.
Cette orientation est en contradiction avec les résultats de cette thèse et nous soutenons que les exploitations laitières devraient être mieux informées et encadrées. À cette fin, les données du RICA sont précieuses et devraient être mieux valorisées au niveau tant des fermes que des structures en charge de leur accompagnement et orientation.
Informations pratiques
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18 Octobre 2024
- à partir de 10h
- Gembloux Agro-Bio-Tech (Auditoire ZT1)
- Inscription obligatoire
- Caroline BATTHEU-NOIRFALISE