21 Février 2020

L'autonomie alimentaire en élevage bovin biologique : quelles caractéristiques techniques pour quelle efficience économique ?

Accroître le niveau d'autonomie alimentaire en élevage bovin est généralement considéré comme un prérequis à sa conversion à l'agriculture biologique (AB). Dans ce cadre, l’autonomie alimentaire a été analysée au sein de onze fermes d'élevage bovin biologique en Wallonie afin de générer des références techniques et économiques pour les éleveurs.

En AB, réglementation européenne, prix élevés des aliments, amélioration de la qualité du produit fini et respect de l’environnement, contraignent et motivent les éleveurs à viser une autonomie alimentaire élevée. Techniquement, cependant, la tâche n’est pas aisée. Il convient, en particulier, d’ajuster les besoins de son troupeau à sa capacité fourragère, tant en quantité qu’en qualité, afin de maximiser sa marge brute.

Basée sur six fermes laitières et cinq allaitantes, la présente étude a permis (i) d’initier une caractérisation détaillée des fourrages et concentrés autoproduits en AB, et (ii) d’appréhender le niveau d'autonomie alimentaire d’élevages bovins biologiques en Wallonie et sa relation avec les performances économiques et les caractéristiques techniques sous-jacentes.

Le niveau moyen d’autonomie alimentaire au sein des fermes suivies est élevé et varie entre 79 et 99%. Le coût total de l’alimentation, incluant la production et les achats d’aliments, diminue avec le niveau d’autonomie alimentaire. En outre, les fermes ayant une efficience économique élevée ont un niveau d’autonomie alimentaire supérieur ou égal à 90%. Cependant, l’inverse n’est pas toujours vérifié, une ferme ayant une autonomie supérieure à 90% n’étant pas toujours économiquement efficiente. Ces observations suggèrent qu’atteindre un niveau d’autonomie de 90 % est nécessaire mais non suffisant pour être économiquement efficient.

Trois types de système de production ayant une efficience économique élevée ont finalement été décrits. Le 1er type est basé sur la polyculture et présente des niveaux de production assez élevés (~5800 à 6500 litres de lait/vache/an, présence d’un atelier d’engraissement en élevage allaitant), associés à des niveaux d’autonomie élevés de 94 à 99%. Le 2ème type est basé exclusivement sur l’herbe, il présente des niveaux de production relativement élevés (~5000 à 5500 litres de lait/vache/an) associés à des niveaux d’autonomie de 90 à 93%. Le 3ème type est basé sur la polyculture et présente un niveau de production relativement faible (~4000 litres de lait/vache/an), associé à une autonomie pratiquement complète (achat de minéraux uniquement).

En conclusion, nous soulignons l’importance (i) de connaître la qualité de ses fourrages et éventuels concentrés autoproduits afin d’en optimiser l’utilisation, et (ii) d’adapter les besoins de son troupeau (taille, niveau de production) à ses capacités fourragères (qualité et rendements) afin d’atteindre un niveau d’autonomie égal ou supérieur à 90%.

 

Résultats complets disponibles via https://www.cra.wallonie.be/fr/dossier-autonomie-alimentaire-en-elevage-bovin-biologique.