Du
17 Avril
au
31 Décembre 2012

Analyse et modélisation de systèmes agraires, principalement tournés vers l'élevage, dans un contexte de développement durable

Analyse et modélisation de systèmes agraires, principalement tournés vers l'élevage, dans un contexte de développement durable

Contexte

Le « développement durable » est, selon la maintenant célèbre définition proposée en 1987 par la Commission mondiale sur l’environnement et le développement, dans le Rapport Brundtland : «un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins». Les principes de ce développement durable, tels que reconnus par la communauté internationale à Rio de Janeiro en 1992, reposent sur la réunion des aspects économiques, sociaux, et environnementaux des activités humaines. Ces «trois piliers» appliqués en agriculture correspondent  à une agriculture économiquement viable, écologiquement saine et socialement équitable. L'agriculture durable (ou soutenable, en traduction de l'anglais sustainable) doit ainsi remplir trois fonctions principales :

• une fonction économique, de production : maîtrise des volumes, garantie de la qualité, efficacité économique et transmissibilité aisée de l’outil de production;

• une fonction écologique : préservation des ressources naturelles et amélioration de l’environnement;

• une fonction sociale : agriculture intégrée dans un dynamisme de développement local reposant sur des échanges équitables.

Afin de répondre à ces attentes politiques et sociétales, l’agriculteur doit constamment faire évoluer son système. Comment ? Quelles sont les alternatives qui s’offrent à lui ?

Pour conseiller judicieusement les agriculteurs, une connaissance approfondie de l’agriculture ainsi que de l’environnement économique, écologique et social dans lequel elle évolue devient nécessaire. Quels sont les outils disponibles en vue de modéliser les évolutions possibles, sous contraintes, des différents systèmes agraires ? Comment transmettre ces informations de manière claire et sans ambiguïté?

Objectifs

Nous cherchons à modéliser des systèmes agricoles, c’est-à-dire décrire de manière simple mais complète les itinéraires et procédures mis en place par les agriculteurs pour gérer leur exploitation. Pour ce faire, nous modélisons, à partir de données statistiques et sur base de nos propres expertises, la manière dont les exploitants associent l’ensemble de leurs facteurs de production (bâtiments, intrants, savoir-faire) au sein d’itinéraires techniques afin de pérenniser, voire de développer leur système. Sur base de ces itinéraires, le caractère durable des exploitations peut être traduit à l’aide d’indicateurs issus de différentes méthodes (ECO-FERME, IDEA, …) en fonction de la dimension à appréhender (économique, environnementale ou sociale).

Les données utilisées pour atteindre cet objectif sont issues des comptabilités des exploitations suivies (contraintes structurelles, facteurs de production, flux, …) et d’enquêtes en exploitation en vue de définir la manière dont sont associés les facteurs de production, et d’appréhender des dimensions telles que l’axe social de la durabilité. L’ensemble de ces données nous permet de dresser une typologie des exploitations étudiées et d’en décrire les principaux modes de fonctionnement (types). Ce sont ces derniers, en quête d’optimisation, qui, par comparaison, permettent d’identifier les points faibles et forts des exploitations étudiées tout comme d’explorer, par modélisation, les différentes possibilités.

Résultats attendus

Sur base de l’ensemble des résultats ainsi collectés, nous développons un outil d’aide à la décision, pour le décideur tout comme pour l’agriculteur, permettant, au travers d’une modélisation des systèmes d'élevages, de définir les réponses, les alternatives, sous forme de scénario, qui s'offrent à ces systèmes pour faire face aux contraintes territoriales imposées. Un tel modèle permettra dès lors de définir l'impact de ces contraintes sur la durabilité économique, environnementale et sociale des systèmes ainsi définis.

Résultats obtenus

Cette méthodologie a été appliquée à différentes échelles spatiales afin de caractériser la diversité des systèmes existant et de définir en quoi leur fonctionnement et, dès lors leurs externalités, sont influencés ou peuvent être ajustés afin de mieux répondre à différents types de contraintes.Ainsi, en 2000, le projet Interreg II avait pour but de décrire les systèmes agricoles dans la zone Champagne-Ardennes-Wallonie, présentant des similitudes pédo-climatiques mais des contrastes socio-politiques. Il a été démontré que ces cadres administratifs différentiés avaient donnés lieu à l’évolution de systèmes agraires tout aussi contrastés (taille des exploitations, intensification des systèmes, …) bien que dégageant des revenus très similaires. Ainsi, sur base des 60 exploitations spécialisées en élevage suivies (30 belges et 30 françaises), 6 grands types (3 par pays) ont été décrits. 

Ce projet a été suivi par le développement d’un type préalablement identifié au sein de la province du Luxembourg: le type ‘allaitant herbager’. Ce travail visait à explorer les voies d’évolution qui s’offraient à ce système afin de répondre au mieux à la modification du premier pilier de la PAC, notamment en ce qui concerne le transfert d’au moins 15 % des primes 'vaches allaitantes' sur les génisses. Ce développement nous a permis d’identifier 4 alternatives à l’exploitation type de référence (productif). De la comparaison de ces alternatives, s’est dégagée que la recherche d'un premier vêlage à 24 mois pour réduire le chargement et que la vente des vaches non primées (Extensif technique) présentaient des avantages aussi bien du point de vue économique qu’environnemental malgré le fait que cette alternative demandait une plus grande technicité de la part de l’éleveur (figure 1). 

  Une autre étude sur les impacts du remembrement et sur les bénéfices retirés a été réalisée sur les exploitations agricoles des zones remembrées et non remembrées de Couvreux et de Clavier. Les résultats soulignent un impact inattendu qui conduit à une intensification du système, associé cependant à la mise en place de pratiques plus durables, telles que l’alternance de la fauche et la pâture sur les prairies. Une plus grande proportion de ces dernières est accessible pour le pâturage mais la gestion des engrais de ferme doit y être optimisée. 

Actuellement cette méthodologie est appliquée afin de répondre aux objectifs du deuxième pilier de la PAC qui se sont vus renforcés en juin 2003 suite au découplage ‘subventions’-‘productions’.  Dans ce contexte, la volonté de valoriser les territoires en conciliant les attentes agricoles et les attentes environnementales peut prendre appui sur le programme des Mesures Agri-environnementales. Parallèlement, le contexte environnemental traduit dans le cadre de la Directive NATURA 2000,  a un impact important sur les objectifs poursuivis par la politique de remembrement qui veut intégrer dans sa réflexion des attentes autres que celles relatives au caractère purement foncier du territoire remembré. Dans ce cadre, notre équipe développe un outil d’aide à la décision – OptiMAE – basé sur l’évaluation des impacts technico-économiques résultant de ces différents enjeux environnementaux et/ou territoriaux afin de mieux les concilier aux enjeux économiques. Le principal avantage d’un tel outil est sans conteste une approche synthétique et globale de ces «contraintes » et des interrelations existant entre elles.

Contribution

La Section Systèmes Agricoles coordonne l’ensemble de ces actions. Dans le cadre du développement de l’outil OptiMAE il travaille en étroite collaboration avec la Section Biométrie, Gestion des données et Agrométéorologie

Partenaires

La Direction générale de l’Agriculture,

Les services technico-économiques de l’association wallonne de l’élevage (AWE-STE),

Le Service Provinciale d’Information, de Gestion et de Vulgarisation Agricole (SPIGVA-DER),

L’unité Mécanique des fluides et environnement (FUSAGx),

La Chambre d’Agriculture des Ardennes (France),

L’Institut de l’Elevage.

Coordinateur hors CRA-W

Ir GHYSEL François &  Ir. HENNART Sylvain 

CRA-W - Section Systèmes agricoles

Rue de Serpont, 100

B-6800 Libramont

Tél : + 32 (0) 61 / 23.10.10

Fax : + 32 (0) 61 / 23.10.28

Email : f.ghysel@cra.wallonie.be; hennart@cra.wallonie.be 

Financement

  • CE - Politique régionale - INTERREG II
  • CRA-W - Centre wallon de Recherches agronomiques
  • SPW - DGARNE