Du
17 Avril
au
31 Décembre 2012

Comment l'agriculture biologique peut-elle contribuer aux modes de production et de consommation durables ? Le cas de la viande bovine

Comment l'agriculture biologique peut-elle contribuer aux modes de production et de consommation durables ? Le cas de la viande bovine

Contexte

Après une phase de croissance importante de la demande en produits biologiques liée à leur apparition en grande distribution et aux crises successives connues par l’agroalimentaire durant les années 90, le secteur connaît actuellement une phase de consolidation. Cette phase constitue une opportunité pour construire collectivement et dans la durée des systèmes articulés de production, d’organisation et de consommation innovants qui, s’ils prennent naissance à l’intérieur du référentiel dominant n’en constituent pas moins l’occasion d’un profond questionnement.
La durabilité est ici prise comme étant "la capacité des réseaux d’acteurs à prendre en compte, dans le long terme, les changements de leur environnement qu’il soit écologique, économique ou social". La durabilité n’est pas un état souhaitable qu’il convient de définir et de valider mais une capacité de transformation dont il faut expérimenter les itinéraires, définir les conditions de son amplification et les critères de son efficacité.
Parce qu’ils sont porteurs de tensions et donc porteurs d’un potentiel de transformation au travers de l’action collective, les cas de la viande bovine et du mode de production biologique sont choisis comme porte d’entrée dans cette vaste question du développement durable. La viande bovine est désormais, en particulier en Belgique, un aliment problématique (santé, bien-être animal, environnement, sécurité alimentaire) porteur de tensions entre filières de mise en marché, consommation et citoyenneté. L’agriculture biologique par ailleurs est basée sur des principes énoncés à partir d’interactions entre agriculteurs et mangeurs. Leur transposition dans les filières, longues ou courtes mais propres aux référentiels dominants, donne lieu à des tensions qui se manifestent par d’âpres discussions autour des cahiers des charges (dérogations, ...) aux niveaux tant national que régional sans épargner le niveau européen. Plus profondément encore ces tentions trouvent leur expression dans la mise en œuvre, par les opérateurs, de stratégies de contournement des règlements qu’ils soient propres à l’engagement bio (alimentation, santé, bien-être) ou issus de changements dans le référentiel global (traçabilité, normes environnementales, ...).

Objectifs

Ce projet poursuit des objectifs de deux ordres :
1) Expérimenter avec les acteurs de nouvelles formes d’organisation, d’orientations techniques et de connaissances dans des systèmes articulés et cohérents, en élaborant les cheminements qui permettent d’explorer de nouveaux référentiels en terme de production, de transformation, d’organisation et de consommation de viande bovine dont la durabilité est scientifiquement évaluée par les chercheurs.
2) Concevoir, expérimenter et préciser dans une approche multidisciplinaire, une méthode de recherche intervention destinée à construire des questions de recherche et à produire, au moyen d’interventions dans les processus d’apprentissages et les relations entres acteurs engagés dans l’action collective, des savoirs à la fois pratiques et scientifiques.

Résultats attendus

Si les bases de la méthodologie de recherche intervention sont connues, ni le cheminement en cours d’action (protocole), ni les résultats attendus ne sont pré-programmables. Toutefois nous pouvons énoncer à ce stade que les résultats attendus sont de deux ordres et produits simultanément.

Les référentiels et leur durabilité

Le référentiel conventionnel

L’intervention sur les lieux d’émergence de nouveaux référentiels de production, organisation et consommation de viande bovine permettront de préciser le fonctionnement, les valeurs et les connaissances qui sous tendent le référentiel prégnant stabilisé et peu questionné, que ce soit de l’intérieur ou de l’extérieur, et ainsi de définir les marges de transformation qui subsistent à l’intérieur.

Les référentiels émergeants

Dans l’interaction avec les acteurs aux lieux d’hypertension, c’est-à-dire là où la confrontation entre référentiels est posée de façon explicite ou implicite, comme aux lieux d’hypotension, à savoir là où il n’y a pas de confrontation mais assimilation ou ignorance, les chercheurs seront amenés à préciser les processus d’apprentissage au travers desquels l’élaboration de références propres est rendue possible. C’est-à-dire comment, à partir d’une redistribution des compétences et des relations, et avec une vision la plus holistique possible du monde appréhendé, de nouvelles connaissances deviennent formulables, validables et accessibles. Sur le plan agronomique, l’investigation porte sur la maîtrise du parasitisme, la gestion de la prairie et l’alimentation des animaux. Sur le plan sociologique, les investigations portent sur les modes d’organisation, les processus de négociation, la représentation et l’introduction des consommateurs.

Evaluation et acquis méthodologiques

Les critères de performance qui permettent d’évaluer les résultats ne sont pas déterminés à l’avance mais doivent êtres explicités au terme de l’intervention. La méthodologie adoptée est enrichie et précisée au travers du processus (protocole) par lequel elle est mise en oeuvre en cours d’intervention : avant on ne sait pas, pendant, c’est l’interaction et les apprentissages croisés qui guident le chercheur dans sa méthode, après, un retour sur "ce qui s’est passé" permet d’en préciser les règles et d’en confirmer les principes.

Résultats obtenus

En cours de formalisation.

Contribution

Dans cette approche multidisciplinaire (sociologie, économie, agronomie) la contribution du CRA-W (Section systèmes agricoles) se situe au niveau de l’analyse du système de production bio au travers des relations entre l’éleveur, la prairie, les productions fourragères et l’animal élevé. Le système de production n’est pas considéré comme isolé mais comme relié et en interaction avec les filières par lesquelles sa production est mise en marché. L’environnement social et les externalités environnementales sont considérés comme des productions à part entière.
Au cours de deux saisons culturales, les paroles des éleveurs, les performances des taurillons et des génisses, des prairies et des cultures ont été enregistrées avec une attention particulière vis-à-vis de l’état sanitaire des animaux (pression parasitaire), de leur comportement, de la biodiversité végétale, de la structure du couvert, de la pression sur l’environnement, etc.

Partenaires

ULg-Socio-Economie, Environnement et Développement (SEED) : M. Mormont et P. Stassart (Coordination).
Universiteit Gent - Vakgroep Landboweconomie : G. Van Huylenbroeck et J. Aetsens.
Treize éleveurs bovins, choisis pour la diversité de la structure de leur exploitation, de leur terroir, de leur point de vue et de leur engagement par rapport au bio.

Coordinateur hors CRA-W

Dr. Marc Mormont et Dr. Pierre Stassart
ULg-Socio-Economie Environnement (SEED)
Avenue de Longwy, 185
B-6700 Arlon
Tél. : ++32 63 230 861
Fax : ++ 32 63 230 818
Email : mormont@ful.ac.be, stassart@ful.ac.be

Financement

  • Politique Scientifique Fédérale - PADD II