Du
01 Novembre 2015
au
31 Octobre 2017

ENERGES

L’objectif du projet est de caractériser les systèmes agraires wallons en termes de consommations énergétiques et d’émissions de GES et de développer des référentiels afin de permettre aux agriculteurs d’identifier des leviers d’amélioration à mettre en œuvre dans leur exploitation en se comparant avec des exploitations de structure semblable et œuvrant dans des conditions pédoclimatiques similaires. Pour ce faire des bilans énergie et GES seront réalisés à l'aide d'un outil spécifique aux fermes wallonnes (Decide) ce qui permettra de mettre en évidence les pratiques et les itinéraires techniques conduisant à une réduction des émissions de GES et/ou des consommations énergétiques. L’agriculteur pourra identifier des points d’amélioration de la durabilité de son exploitation tant au niveau économique qu’environnemental.

Contexte

La problématique de la consommation énergétique et du changement climatique sont au cœur des préoccupations, comme en témoignent les nombreuses orientations prises au niveau européen, national ou régional. Lors de leur sommet du 23 octobre 2014, les Etats Membres de l’Union européenne se sont accordés pour réduire de 27% les émissions de GES par rapport au niveau de 1990 et couvrir 27% de leurs besoins en énergie par les énergies renouvelables d’ici 2030. Au niveau Belge, ceci se traduit par une volonté de réduire de 15% les émissions de GES (par rapport à 2005) d’ici 2020 (Commission Nationale Climat, 2008). 

Selon les inventaires sectoriels, l’agriculture contribue pour 10 à 12 % des émissions de GES, et ce, tant à l’échelle mondiale (Smith P. et al., 2007), qu’à l’échelle de notre Région (12 % en 2014 selon l’Agence wallonne de l’Air et du Climat). Plus précisément, l’agriculture joue un rôle majeur dans les émissions de méthane (fermentation entérique des ruminants et des engrais de ferme) et de protoxyde d’azote (gestion de la fertilisation azotée) en étant responsable de 76 et 78 %, respectivement, des émissions de chacun de ces deux gaz (AWAC, 2014). En outre, l’agriculture est également un des principaux gestionnaires de notre territoire et joue donc un rôle clef au niveau de la gestion des stocks de carbone présents dans les sols. Les pratiques mises en œuvre permettant d’améliorer ces stocks et/ou de limiter l’érosion des sols contribuent, dès lors, à compenser certaines émissions du secteur.

Au niveau énergétique, les exploitations agricoles sont fortement dépendantes des énergies fossiles tout en étant des producteurs d’énergie potentiels. 

Les émissions de GES et les consommations énergétiques des systèmes agricoles sont très variables et dépendent fortement des types de fermes et des pratiques agricoles (Rabier et al., 2009 ; Lioy et al., 2012). Ainsi le premier pas vers la mise en place de mesures de réductions nécessite une bonne connaissance des relations entre les pratiques et les bilans GES et énergie, et donc, la réalisation de bilans des exploitations agricoles. Dans ce contexte, il apparait que la réalisation de tels bilans est la base sur laquelle s’appuie la réflexion pour la mise en place de pratiques induisant une réduction des consommations énergétiques et des émissions de GES. 

Objectifs

L’objectif du projet est de caractériser les systèmes agraires wallons en termes de consommations énergétiques et d’émissions de GES et de développer des référentiels afin de permettre aux agriculteurs d’identifier des leviers d’amélioration à mettre en œuvre dans leur exploitation en se comparant avec des exploitations de structure semblable et œuvrant dans des conditions pédoclimatiques similaires. Afin d’atteindre cet objectif, il y a lieu de développer une base de comparaison suffisamment solide, intégrant un nombre important d’exploitations.

Description des tâches

Le travail est structuré en 3 tâches principales.

Tâche 1 : Définition, compatibilité et échange des données

L’objectif de la première tâche est de permettre l’utilisation automatisée des données issues des bases de données des comptabilités agricoles de gestion pour alimenter l’outil DECiDE.

a)      La première action sera, à partir de la liste des informations nécessaires au fonctionnement de l’outil DECiDE, de lister les données disponibles chez ces partenaires et de les comparer avec les données nécessaires. Sur cette base, un socle commun de données utilisables sera défini ainsi qu’une liste de données supplémentaires éventuellement disponibles chez les organismes collaborants. Enfin, la liste des données manquantes pour la réalisation de bilans complets GES et énergie sera également établie.

b)      Une réflexion devra ensuite être menée afin d’évaluer la meilleure manière de compléter le jeu de données nécessaire au fonctionnement de DECiDE.

c)      Définition d’un schéma standard de transmission des données, en collaboration avec les partenaires concernés, afin d’assurer le transfert correct des données et leur intégration automatisée dans l’outil DECiDE.

d)      Il convient d’intégrer dans cette tâche les aspects réglementaires relatifs à la protection de la vie privée et les bonnes pratiques pour l’échange des données. Une convention d’échange des données sera rédigée afin de réguler la transmission des données entre les partenaires.

 

Tâche 2 : Sensibilité de la méthode aux données

Afin de résoudre le problème des données manquantes, nous analysons durant la tâche précédente les possibilités d’obtenir une partie de celles-ci par transformation et/ou par collecte supplémentaire. En complément de la tâche 1, la présente action a pour but d’évaluer la sensibilité de l’outil, c’est-à-dire d’analyser comment les résultats des bilans énergie et GES sont influencés par la précision, voir l’absence des données entrantes dans le système. Ceci permettra d’identifier les données qui pourraient, au besoin, ne pas être récoltées à l’échelle de l’exploitation mais remplacées par des moyennes régionales pour le type d’exploitation considéré.

 

Tâche 3 : Analyse des bilans GES et énergie

Ce travail mènera, à partir de la réalisation de bilans GES et énergie, au développement d’un référentiel qui permettra aux exploitants et à leurs conseillers de se positionner et d’identifier des leviers d’amélioration.

a)      Les données nécessaires retenues et éventuellement complétées (tâche 1) seront utilisées pour la réalisation des bilans énergie et GES de 100 exploitations. Les émissions de GES et les consommations énergétiques étant fortement dépendantes des pratiques agricoles, il est dès lors nécessaire de réaliser un grand nombre de bilans au sein de chaque type de ferme afin de réaliser une analyse fine de la variabilité intra-type et de mettre en évidence des relations entre pratiques et les résultats des bilans. Dans ce contexte, il n’est pas pertinent de répartir les fermes uniquement en fonction des OTE, il convient de classer les fermes également en fonction de critères techniques. L’outil DECiDE devra donc intégrer une typologie fonctionnelle des exploitations afin de créer des groupes de fermes pouvant fonctionner de la même manière et pouvant être comparées entre elles.

b)      La base de données de référence constituée par ces 100 exploitations devra être gérée de manière à pouvoir être intégrée en routine dans l’outil et mise à jour au fur et à mesure de l’ajout de nouveaux bilans. Le développement informatique consistera en la mise en place de la gestion automatique mais également du module de comparaison pour l’expression des résultats d’une ferme donnée par rapport aux exploitations de même type.

c)      Le dernier aspect concerne le transfert des résultats et le rendu aux agriculteurs. Il convient de définir, en se basant sur la convention d’échange de données (livrable de la tâche 1), le format de restitution des données aux partenaires ainsi que le type de rendu adapté aux agriculteurs. La manière de communiquer les résultats sera également testée en organisant des réunions de test et d‘animation avec des CETA participants. Cette approche participative permettra d’aborder avec les acteurs concernés la meilleure manière de restituer les résultats et de formuler le conseil.

 

Résultats attendus

Les résultat spécifiques au projet sont :

-          La fourniture d'un schéma global de fourniture de données, défini avec documents de références (cahier des charges de transmission des données, convention d’échange des données).

-          La réalisation de 100 bilans énergie et GES avec l’outil DECiDE.

-          Les valeurs moyennes de références et analyse de la variabilité, développement d’un référentiel de conseil.

-          Le développement informatique pour la mise en place de la typologie fonctionnelle, l’intégration automatisée des données des comptabilités de gestion, la gestion des références et le retour aux exploitants.

Ce travail de développement de l'utilisation de l'outil Decide permettra plus généralement d'amorcer une reflexion du secteur agricole pour réduire sa facture énergétique et les émissions de GES. Il est également important de rappeler que les exploitations subissent l’impact indirect de l’augmentation du coût de l’énergie par l’intermédiaire de l’évolution du coût des intrants achetés (engrais, aliments, etc.). Le bilan énergétique réalisé concernant aussi bien les énergies directes qu’indirectes, il permet une réflexion sur l’ensemble des coûts qui s’y rapportent.

Afin d’atteindre les objectifs de réduction d’émissions de GES, le décret climat, en cours d’adoption pour la Région wallonne, propose de définir des budgets d’émissions pour des périodes de 5 ans (AWAC, 2014). La mise en œuvre des bilans GES à l’échelle de l’exploitation est un premier pas pour atteindre ces objectifs et cet effort permettra de limiter les coûts futurs associés aux principaux impacts induits par le réchauffement climatique (ressources en eau, santé, écosystèmes, événements climatiques extrêmes, etc.) tout en réduisant les efforts d’adaptation (et donc les coûts) nécessaires à l’acclimatation des milieux et des personnes aux nouvelles conditions climatiques.

Plus globalement les autres apports societaux sont nombreux:

-          l’apport pour l’évaluation de la durabilité de nos exploitations agricoles, et plus globalement, pour une meilleure connaissance de la durabilité de nos productions. Ceci permettra d’améliorer la communication du secteur vers l’ensemble de la société ;

-          la lutte contre le réchauffement climatique par une meilleure connaissance des émissions de GES et des consommations énergétiques des fermes, amorce d’une réflexion pour les réduire ;

-          la quantification des services que l’agriculture peut rendre à la société : stockage de carbone, production d’énergie renouvelable ;

-          l’acquisition d’informations essentielles pour l’évaluation de l’empreinte carbone des productions agricoles (Analyse du Cycle de Vie des produits agro-alimentaires).Cet intérêt est renforcé par l’importance avérée de la part de la production sur les impacts environnementaux de produits finis issus de la transformation de produits agricoles (Andersson and Ohlsson, 1999; Espinoza-Orias et al., 2011; Belboom, 2012; Buratti et al., 2013; Muñoz et al., 2013) ;

-          la fourniture de données pour les inventaires des émissions de GES du secteur agricole au niveau d’un territoire et les leviers d’amélioration pour le secteur. Par exemple, dans le cadre des partenariats avec les communes pour la mise en place d’une politique de lutte contre les changements climatiques (politique volontaire d’atténuation des émissions de GES : « j’agis pour le climat »);

-          la connaissance des émissions de NH3 des différents systèmes d’élevage : premier pas vers une amélioration de la qualité de l’air (asthmes, bronchites chroniques, acidification et eutrophisation).

Contribution

 

 

Partenaires

Awé, Association Wallonne de l'Elevage

Direction de l'Analyse Economique Agricole, SPW

Agence wallonne de l'Air et du Climat (AWAC)

Financement

  • SPW - DGARNE

Equipe