Du
18 Avril
au
31 Décembre 2016

LE BUPRESTE DU POIRIER (AGRILUS SINUATUS OL.) EN PÉPINIÈRES ET VERGERS

LE BUPRESTE DU POIRIER (AGRILUS SINUATUS OL.) EN PÉPINIÈRES ET VERGERS

Contexte

Depuis bientôt une dizaine d’années, le bupreste du poirier (Agrilus sinuatus Ol., Col. Buprestidae) infeste les pépinières fruitières et ornementales de Wallonie, occasionnant le dépérissement et parfois la mort des plants de poirier. Le ravageur responsable est un insecte xylophage dont la larve se développe pendant près de deux ans dans une galerie sinueuse creusée sous l’écorce. L’adulte (photo) émergeant du bois constitue la seule cible potentielle pour un traitement phytosanitaire approprié. Comme sa dénomination l’indique, cet insecte a pour hôte principal le poirier (Pyrus communis) mais il peut aussi se développer sur aubépine (Crataegus sp.), sorbier (Sorbus sp .), néflier (Mespilus germanica), cognassier (Cydonia oblongua) et cotonéaster (Cotoneaster sp.). La résurgence du bupreste a d’abord touché le secteur des pépinières, mais depuis peu, tant en Flandre qu’en Wallonie et dans le Nord de la France, le ravageur a gagné les cultures fruitières en production. Deux raisons fondamentales peuvent expliquer la recrudescence de ce ravageur oublié depuis des décennies. La première est liée au réchauffement climatique, et en particulier aux étés chauds successifs, car le bupreste est thermophile. La seconde est une des conséquences inévitables de la mise en oeuvre de la lutte intégrée dans les vergers en production, car le schéma de traitement pratiqué actuellement à l'encontre du psylle du poirier, visant à préserver son auxiliaire naturel l'anthocoride, laisse le champ libre à divers ravageurs secondaires tels que l'anthonome ou le bupreste du poirier. A cela vient s’ajouter la méconnaissance totale du ravageur et des dégâts qu’il entraîne. La galerie sous-corticale est souvent invisible, le chancre subséquent est attribué à d’autres causes, les morsures de l’adulte sur le feuillage sont insignifiantes et l’insecte adulte est difficile à observer. En pépinières d’arbres à tige, près de la totalité des sujets (jusqu'à 90 %) peuvent être atteints par ce ravageur et de nombreuses mortalités peuvent survenir. Les plants qui survivent présentent des défauts de qualité inacceptables sur le plan commercial et contribuent à la dispersion géographique du ravageur. Dans les jeunes plantations de poiriers, les dégâts engendrés conduisent souvent au remplacement des sujets. Dans les vergers plus âgés, les attaques, parfois spectaculaires, n’amènent pas nécessairement la mort des arbres, mais plutôt une lente détérioration de leur vigueur.

Objectifs

Le projet a pour objet de déterminer annuellement la courbe de vol de cette espèce dans les régions concernées afin d’établir la meilleure synchronisation entre l’émergence du ravageur et la lutte phytosanitaire préconisée aux pépiniéristes et aux producteurs fruitiers. A cet égard, la recherche d’outils performants de détection du ravageur doit être poursuivie et des investigations relatives à l’efficacité de certains insecticides autorisés en production intégrée sont nécessaires.

Description des tâches

Dès 1997, afin de déterminer avec précision la période d’émergence du bupreste, différentes techniques de piégeage passif de l’insecte adulte ont été testées en pépinière mais avec un maigre succès. En raison de ces résultats décevants, une autre technique de suivi a été développée. Elle consiste à repérer périodiquement, au départ de chancres, les orifices d’émergence caractéristiques du bupreste. Utilisée depuis plusieurs années, en collaboration avec le CEHW, cette méthode originale permet d’avertir les pépiniéristes de la période propice pour réaliser un traitement phytosanitaire. Testée en 2005 en vergers de production, la technique s’est révélée aussi efficace pour suivre l’activité du bupreste et émettre les avertissements de lutte. Cette méthode, quoique fastidieuse, présente l’avantage d’être performante et de pouvoir être mise en œuvre par les producteurs eux-mêmes. Cependant, en attendant un hypothétique piège à phéromone qui limiterait fortement le temps passé à l’observation, la recherche de toute autre technique simple de détection des buprestes émergeants reste d’actualité. D’autre part, considérant l’inexistence de données relatives à l’efficacité sur le bupreste des insecticides admis par le cahier des charges concernant la méthode de production intégrée pour fruits à pépins, un test d’orientation sur trois insecticides a été réalisé et devra être validé dans le futur.

Résultats attendus

La poursuite des suivis organisés tant en pépinières qu’en cultures fruitières doit permettre d’affiner les connaissances déjà obtenues concernant le vol du bupreste dans notre pays. Elle doit aussi contribuer à une meilleure gestion phytosanitaire des pépinières et des vergers. De nouvelles techniques de détection du ravageur pourraient améliorer le rendement des observations. Les tests d’efficacité de produits pourraient conduire à une extension d’agréation de ceux-ci.

Contribution

Démonstration de l’inefficacité de pièges et d’attractifs comme technique de détection de l’activité imaginale du bupreste. Mise au point d’une méthode originale de suivi des émergences du bupreste. Mise en évidence d’un vol annuel du bupreste (contrairement à l’activité bisannuelle annoncée par la littérature hollandaise), preuve de la nécessité impérative de combattre le ravageur lors de chaque saison de végétation. Détermination de la courbe de vol annuelle du bupreste du poirier dans les conditions de notre pays (Ouest et Centre). Avertissements de lutte, synchronisés avec l’émergence du bupreste, lancés aux pépiniéristes et aux producteurs fruitiers de Wallonie et du Nord de la France (via le CEHW, le GAWI, PROFRUIT et la FREDON - Fédération Régionale de Défense contre les Organismes Nuisibles Nord Pas-de-Calais).

Partenaires

- Centre d’Essais horticoles de Wallonie (CEHW)

- Centre wallon de Recherches agronomiques (CRA-W)

Financement

  • CRA-W - Centre wallon de Recherches agronomiques
  • SPW - DG Economie et Emploi