Trop tôt, trop vite, si brutalement…
Ingénieur agronome issu de la Faculté des Sciences agronomiques de Gembloux en 1988– un des derniers diplômés de l’orientation Horticulture - Bernard y a directement commencé sa carrière en tant qu’aspirant F.N.R.S. Passionné d’horticulture, de questions de recherche scientifique et de biologie végétale, il y a développé sa thèse de doctorat sur l’approche moléculaire de la réponse aux cytokinines des vitroplants du pommier (Malus domestica), thèse qu’il a présentée en 1992. Il a ensuite réussi à devenir chargé de recherches et enfin, chercheur qualifié F.N.R.S. jusqu’en 1997. Cette première partie de sa carrière scientifique a débouché sur de nombreuses publications internationales de haut niveau en biologie moléculaire avec comme co-auteurs les professeurs P. Boxus, R. Kettmann et A. Burny. Sa carrière au CRA-W a débuté en juin 1997, recruté comme assistant au Département de Biotechnologie, dont il devient rapidement et remarquablement en janvier 2000, Chef de Département ! Suite à la restructuration du CRA-W au 1er janvier 2009, il deviendra, en mars 2009, Inspecteur général scientifique du Département Sciences du Vivant, pour voir son grade finalement converti en Inspecteur général-expert en 2017.
Bernard était reconnu comme un scientifique d’excellence et de renommée internationale. Il a mené de nombreux projets de recherches avec ses équipes au CRA-W et il est co-auteur et/ou coordinateur de dizaines d’articles scientifiques traitant d’une grande diversité d’espèces végétales cultivées, agricoles et horticoles (pommier, chicorée, blé tendre et dur, Sapin de Norman, aulne, cerisier, féverole,…). Cela dans des disciplines diverses telles que la biologie moléculaire, la physiologie végétale, la micro-propagation, ainsi que la génomique, la transcriptomique, la protéomique et la métabolomique des plantes et des micro-organismes pour mieux comprendre leurs nombreuses interactions. Il était extrêmement apprécié tant par les étudiants que par le corps académique en tant que co-promoteur ou membre de jurys de plusieurs dizaines de thèses de doctorat.
Il s’est passionné à la fois pour la création et pour les travaux de recherches et développement du Centre Pilote « Fraises et Petits Fruits » et celui du « Sapin de Noël ». De plus, il s’est fortement impliqué au niveau de la création de la Fédération Wallonne Horticole (FWH) dont il était encore le Vice-Président ainsi qu’au niveau de l’Association pour la Promotion de l’Horticulture en Wallonie (APHW) dont il était le Président.
Il a toujours été apprécié pour sa volonté de collaboration et de concertation avec les autres Départements du CRA-W. Sa participation au Comité de Direction durant de très nombreuses années, où il témoigna de son ouverture vers l’extérieur, de ses visions dynamiques et novatrices en matière de recherches, tout en suivant les missions du Centre définies par le Gouvernement wallon, a fortement contribué aux capacités d’adaptation et de développement de notre institution.
Bernard a toujours été un magnifique ambassadeur de la science en général et des biotechnologies en particulier auxquelles il consacrait sa vive intelligence. Parler avec Bernard était toujours, pour le non scientifique, l’occasion d’apprendre et de mieux comprendre et, pour le scientifique, le moyen de faire progresser sa connaissance.
À sa famille, ses proches, ses amis et à tous ceux qui ont eu la chance de le côtoyer, nous présentons nos plus sincères condoléances. Nous pensons particulièrement à Marjorie, son épouse, à qui nous assurons tout notre soutien et notre sympathie.
Merci Bernard pour tout ce que tu nous as apporté ! Tu nous manques déjà.
Livre d'Or
Brillant scientifique, Bernard était aussi féru d’histoire et de lectures. Il nous emmenait dans des discussions dans lesquelles la sélection variétale pouvait côtoyer la bataille de Waterloo, les OGM devenaient un angle d’étude de la psychologique de l’être humain et la biologie moléculaire était contée à sa genèse.
Frédéric Debode, Directeur a.i. de l’Unité de Génie biologique, CRA-W
Doté de capacités intellectuelles hors du commun, Bernard avait le don de partager ses connaissances jusqu’aux détails les plus enrichissants. Il suscitait ainsi systématiquement auprès de ses interlocuteurs, le besoin et le plaisir d’en apprendre davantage quel que soit le sujet traité. Sa disparition laissera immanquablement un grand vide au sein de notre communauté scientifique.
Philippe Druart, Chef de Département retraité, CRA-W
Bernard, chercheur de haut-vol en biologie végétale, était en plus doté de nombreuses et belles qualités humaines appréciées par toutes celles et tous ceux qui le côtoyaient. Il avait aussi gardé son sens profond et sa connaissance très large et pointue de l’agriculture et de l’horticulture de terrain et il affirmait clairement sa volonté de servir tous les acteurs de ces secteurs.
Lors de nos collaborations étroites au niveau du Livre blanc Céréales, de l’organisation de « S’il suffisait qu’on sème » ou encore lors de nos implications locales, j’ai particulièrement admiré son humilité, sa disponibilité ainsi que sa faculté d’écoute des autres et de synthèse des arguments aboutissant toujours à des propositions dynamiques et bénéfiques à l’intérêt général.
Cette belle personne va beaucoup nous manquer.
Bernard Bodson, Professeur, Gembloux AgroBioTech
Je garderai le souvenir d’une excellente collaboration avec Bernard, sa capacité à nous faire profiter de son savoir. Sa bienveillance et son écoute m’ont été d’une aide précieuse.
Nicole Brunelli-Cuvellier, Secrétaire retraitée au Département Sciences du Vivant, CRA-W
J’ai toujours été en admiration devant la culture scientifique de Bernard Watillon, à la fois diversifiée et profonde, allant de la biologie moléculaire aux pratiques agronomiques dans les champs, tout autant que devant son érudition littéraire et cinématographique. Non seulement esprit scientifique brillant, Bernard était un extraordinaire vulgarisateur, transformant les sujets les plus compliqués en histoires simples, compréhensibles par tout un chacun. Et Bernard était également attentionné, humain, constructif. Nous perdons une magnifique personne et un grand scientifique.
Yves Schenkel, Chef de Département, CRA-W
Il y a des rencontres qui réchauffent et rassurent. Il y a des rencontres qui allument la joie du partage, et puis, quelquefois, une rencontre éblouissante qui nous transforme et nous fait grandir : telle a été, pour beaucoup, la rencontre avec Bernard.
Tout commence avec ce regard droit et clair. Ce beau regard offert comme un accueil. Tout commence en liberté : Bernard ne force pas le contact. Il est là, il écoute, il donne sa place au temps et peu à peu, on se sent irradié de bienveillance. La bienveillance, la confiance par défaut, pour tirer de chacun le meilleur : c’était son pari sur l’homme. C’était son pari de Chef de Département.
Tout le monde sait quel esprit brillant Bernard a été. Sa carrure scientifique lui permettait de prétendre à des postes bien plus prestigieux que ceux qu’il a occupés au CRA-W. Il a choisi le CRA-W, et ce fut une chance pour nous tous, car au milieu des difficultés de tous ordres, des doutes et de la précipitation forcée, Bernard a constamment veillé à protéger ce qu’il y avait de plus fondamental, et notamment le temps des chercheurs.
Le temps. Celui qu’il prenait à écouter et à comprendre. Celui qu’il prenait à exprimer avec nuance ses positions. Avec la clarté comme marque d’honnêteté. Avec le soin comme marque d’élégance. Bernard prenait le temps de faire, de bien faire, chaque chose : le moindre mail était réfléchi et soigné. C’est précisément en prenant ce temps qu’on évite ensuite de le gaspiller.
Bernard, tu as cherché le mieux en toutes circonstances. Le mieux pour tes proches. Le mieux pour ton Département que tu avais si bien nommé : « Sciences du Vivant », des mots simples et parlants. Tu n’étais pas naïf, ni sur les hommes, ni sur les systèmes, et tu ne perdais pas ton temps précieux à pourfendre des moulins à vent. Pourtant, il y a quelques semaines, tu m’avais révélé ton « admiration éperdue pour l’Homme de la Mancha » ; ce sont tes propres mots. Je crois que, jusqu’à la limite de ce que la raison permet, comme un chevalier, tu as défié ce monde « trop gris, trop laid ». Et c’est encore avec Brel qu’un jour où je t’avouais avoir un peu perdu le cap, tu m’as livré celui auquel tu te cramponnais, toi, quand tout vacillait autour de toi ; ton cap ultime : « C’est le vent du nord qui me fera capitaine d’un brise-larmes pour ceux que j’aime » (Mon Père disait ; Brel, 1967).
Par tout ce que tu as insufflé d’humanité et d’intelligence, je crois que c’est encore toi, Bernard, qui briseras les larmes de ceux qui pleurent aujourd’hui.
Michel De Proft, Chef de Département retraité, CRA-W
Bernard a été un compagnon de la première heure, alors que nous partagions notre passion pour la biologie moléculaire des plantes, qu’il restait à développer sur le campus de la faculté de Gembloux. Je venais d’accepter une charge d’assistant et Bernard commençait alors au FNRS. Arsène Burny a compris le plaisir que nous aurions à travailler ensemble sur les plantes, Bernard sur le pommier, moi sur la pomme de terre, et nous a réunis. Philippe Boxus, alors directeur de la Station des cultures fruitières et maraîchères du CRA de Grand Manil, a su jouer le rôle d’incubateur de cette machine à idées qu’était Bernard ! Dès cette époque fondatrice, Bernard a révélé ce que j’ai toujours trouvé en lui par la suite : une pratique jouissive de la science, une intelligence fulgurante, une immense culture, le tout avec une connaissance des pratiques de l’horticulture qu’il devait à son infatigable curiosité et aux conversations nourries qu’il nouait avec toutes celles et ceux qu’il rencontrait. Puis, les années passant, les responsabilités d’équipes puis institutionnelles nous ont éloignés. Nos rencontres annuelles dans les jurys FRIA , où nous avons siégé ensemble pendant de longues années, avaient le piment des retrouvailles entre amis. Au revoir Bernard et bravo pour tout ce que tu as fait, je garde ton immense sourire en mémoire, et bien plus !
Patrick du Jardin, Professeur, Gembloux AgroBioTech
Bernard Watillon est resté de base un scientifique qui aimait qu’on le consulte sur un sujet de recherche pointu, où il montrait sa grande vivacité d’esprit, sa compréhension rapide des problèmes, et son imagination ainsi que sa rigueur pour voir comment les résoudre.
Il se montrait aussi compréhensif et à l’écoute du personnel technique qu’il aiguillait et aidait quand il le pouvait dans des démarches administratives.
Isabelle Gheysen et Alain Bultreys, Laboratoire de Bactériologie, CRA-W
A mon brillant élève et collaborateur qui porta bien haut une belle recherche agronomique.
Arsène Burny, Gembloux AgroBioTech, FNRS
Ouvert aux innovations mais conscient des contraintes économiques des producteurs, Bernard était avant tout un scientifique rigoureux.
Doté de très grandes qualités humaines, il accordait la plus grande attention aux propositions de ses collègues ; toujours constructif, il était souvent déterminant dans la stratégie et l’élaboration des programmes de recherche. Il va laisser un grand vide au sein du CRA-W.
Jean-Pierre Destain, Directeur général ff retraité, CRA-W
Toujours à l'écoute des autres, j'ai eu à l'occasion d'échanger avec toi sur mille et un sujets avec tant d'enthousiasme et de sagesse. Je ne te remercierai jamais assez pour l'ensemble de ses moments de partages et de soutien. Je te souhaite un départ en paix.
Pascal Geerts, ancien Directeur de l'Unité Génie biologique, CRA-W
Bernard était un magnifique ambassadeur scientifique de l’horticulture et des biotechnologies, auxquelles il consacrait sa vive intelligence. Il était aussi et surtout une belle personne qu’il était toujours agréable et intéressant de rencontrer, pour ses valeurs humaines et son intérêt pour toute chose.
Son départ constitue une grande perte pour le monde scientifique agronomique et horticole.
Comme l’un de vous m’a dit, « tout qui l’a côtoyé, ne fût-ce qu’un jour, n’oubliera pas son sourire » .
Claude Vanhemelen, Secrétaire générale, FWH
Homme curieux et profondément riche en connaissances éclectiques, ancrées dans la recherche constante de nouvelles compréhensions qui n’ignorent aucune limite.
Audacieux dans ses idées et ses idéaux tant en recherches scientifiques que dans ses visions sociales.
Fidèle chevalier des fondements de la « Science » et de la liberté des idées, basés sur l’expérimentation suivie d’une analyse objective de réalités, fondements à l’antipode de toutes croyances dogmatiques.
Il était d’une part l’artisan de l’appellation de son « Département Sciences du Vivant » qui illustre bien l’approche et la vision scientifique qu’il voulait insuffler à nos travaux de recherches en s’inspirant des « Open Innovation Principles ».
D’autre part, il a choisi le nom de son « Bâtiment Jean-Baptiste de La Quintinie » où sa fibre horticole s’est pleinement exprimée tout en rendant hommage au caractère éminemment novateur du personnage historique qui s’est illustré par la création du fameux ‘Potager du Roi’ du château de Versailles où il développa un grand nombre de nouvelles techniques « écologiquement intensives » de productions horticoles permettant l’approvisionnement en fruits et légumes durant toutes les saisons et des cultures d’une grande diversité de variétés fruitières en formes d’espaliers.
Elégant dans ses relations, souriant, humble, Bernard était toujours heureux de partager ses idées, ses découvertes et analyses avec générosité, une clarté et une pédagogie bien ajustées et adaptées à chaque interlocuteur - quel qu’il soit. Homme de dialogue et évitant le conflit, il ancrait ses relations dans la confiance et le respect humain. En tout cela, Bernard était vraiment unique.
« Tout ce qui brille n’est pas de l’or et tout ce qui est d’or ne brille pas ».
Merci Bernard.
Marc Lateur, Directeur de l'Unité Biodiversité et Amélioration des plantes & forêts
Arpentant les couloirs du Marchal, du Lacroix ou de la Quintinie, je l'ai croisé souvent, malheureusement jamais abordé. Je ne le connaissais donc pas mais sa présence et son regard en disait long. Un regard profond, brillant, accueillant. Une présence tranquille et forte. Un homme d'exception sans aucun doute aux dires de tous ceux qui l'on côtoyé.
Patrick Houben, CRA-W
Notre communauté perd un citoyen et un scientifique qui aurait encore pu apporter tant. Sa rigueur intellectuelle et son progressisme étaient exemplaires et Bernard les mettait systématiquement au cœur de ses réflexions qu’il aimait partager avec les autres. Chaque rencontre avec Bernard nous amenait à discuter profondément de la Science dans toute sa transversalité mais aussi à refaire Gembloux, la Wallonie, …, le Monde. Ses idées et nos débats resteront une source d’inspiration pour les années à venir.
Hervé Vanderschuren, Professeur, KU Leuven et Gembloux AgroBioTech
Ce livre d'Or reste ouvert, vous pouvez envoyer vos témoignages via cette adresse mail.