Du
16 Janvier
au
31 Décembre 2008

La cécidomyie orange du blé, Sitodiplosis mosellana (GEHIN) : appréhension des risques et gestion intégrée

La cécidomyie orange du blé, Sitodiplosis mosellana (GEHIN) : appréhension des risques et gestion intégrée

Contexte

La cécidomyie orange du blé (Sitodiplosis mosellana Géhin) est un ravageur des céréales. Les larves se nourrissent des grains et peuvent occasionner de sévères pertes de rendement et de qualité des récoltes. L’ampleur des dommages dépend de l’intensité des vols et de leur coïncidence avec le stade de développement vulnérable de la plante. Ces deux périodes sont brèves et déterminées par des conditions météorologiques distinctes. Ces dernières années, cette coïncidence entre les deux évènements s’est répétée plusieurs fois, entraînant des dégâts. D’autres facteurs tels que l’évolution des méthodes culturales, le retrait du marché de plusieurs insecticides du sol et l’incertitude quant à l’évolution du climat, nous amènent à reconsidérer les risques inhérents à la cécidomyie orange du blé.

Objectifs

L’objectif principal du projet est la mise en place d’un modèle prévisionnel des risques d’infestation de cécidomyies orange. Ce modèle serait remis au CADCO qui pourrait dès lors lancer des avertissements « cécidomyies » à destination des agriculteurs lorsque cela s’avèrera nécessaire. Ces avertissements porteraient sur le risque lié à l’année météorologique et sur les périodes d’émergence. Un second objectif  concerne le caractère résistant de certaines variétés de froment. Plus précisément, un des objectifs du projet est de collecter des données précises sur le comportement face aux infestations de S. mosellana des variétés de froment disponibles sur le marché belge. L’existence de variétés résistantes a été démontrée au Royaume-Uni et au Canada où celles-ci constituent un moyen de lutte prometteur. Un troisième  objectif consiste à étudier la biologie de Macroglenes penetrans, un parasitoïde de la cécidomyie orange du blé afin d’en évaluer l’impact sur le niveau des populations de cécidomyie orange du blé.

Résultats attendus

Résultats concernant la biologie de S. mosellana :

· Identification de zones particulièrement propices au développement des cécidomyies orange du blé et Comparaison des niveaux de population entre régions agricoles.

· Comparaison des niveaux d’émergence des adultes de S. mosellana entre différentes cultures.

·  Influence du travail du sol sur les niveaux de population et sur les émergences.

·  Influence de la pluviosité quant à la sortie de diapause et à l’émergence.

·  Recherche des sommes de températures et des températures requises pour la sortie de diapause et pour l’émergence.

·  Influence de la nature pédologique des sols sur la mortalité des larves.

·  Comparaison de la phénologie de l’insecte et du froment selon les régions.

·  …

Résultats concernant les moyens de lutte envisageables :

·  Comparaison des niveaux de résistance d’une soixantaine de variétés de froment d’hiver.

·  Localisation des Macroglenes au cours de la saison, et en fonction de l’heure de la journée.

·  Effets des produits phytopharmaceutiques sur S.mosellana et sur son parasitoïde.

·  Définition de la longévité, de la prolificité, et du spectre d’hôtes de Macroglenes penetrans.

·  …

Résultats obtenus

Durant l’année 2007, les travaux ont porté en priorité sur le développement des outils de mesure des populations dans le sol (larves, cocons, pupes), des émergences et des vols. Tous les travaux ont été concentrés sur un terroir très bien connu de la région de Gembloux. Des prélèvements de sol effectués en mars et en septembre ont permis d’établir que les réserves en larves étaient faibles. Les moyennes obtenues sont de 611 larves/m2 en mars et 255 larves/m2 en septembre. Par comparaison, les moyennes obtenues sur le territoire britannique étaient de 1500 larves/m2 en 2003 et 2005, et de plus de 5000 larves/m2 en 2004. Les champs cultivés récemment en froment se sont avérés être logiquement les plus infestés de S. mosellana. La répartition des larves entre 2 niveaux de profondeur (0-10cm et 10-20cm) révèle de grandes différences selon le régime de travail du sol. En non-labour, les larves sont localisées à moins de 10 cm de profondeur. Dans les champs soumis à un labour régulier, la majorité des larves se retrouvent alternativement dans la couche superficielle ou profonde selon le nombre de labours subis. Les champs cultivés en non-labour semblent contenir moins de larves. Il s’agit peut-être d’une prédation plus importante par les carabes  que l’on sait plus nombreux en absence de labour.                  Des pièges à phéromones ont été placés dans 14 champs dont l’historique tant sur le plan de la rotation des cultures que sur celui du travail du sol était bien connu. Les feuilles de plastiques engluées de ces pièges ont été relevées et examinées quotidiennement à partir du 27 avril jusqu’au 10 juillet. Comme déjà observé antérieurement par des observations exploratoires, les captures au sein d’une même parcelle étaient relativement homogènes, tandis qu’entre les champs, les niveaux de captures étaient sensiblement différents. Les relevés quotidiens des pièges à phéromones ont permis de définir la courbe des vols. Les premiers vols ont été observés le 1er juin dans un champ de lupin. Le 4 juin, les captures ont atteint leur maximum dans les cultures de printemps. Par contre, il a fallu attendre plus d’une semaine avant d’observer des vols de forte intensité en céréales, avec un maximum le 12 juin. En 2007, les vols ont pris fin de manière anticipée. Le 11 juin, une pluie d’orage a touché l’ensemble des champs expérimentaux. De même dans la nuit du 14 au 15 juin. Les courbes de captures marquent des ruptures brutales lors de chacune de ces 2 pluies qui ont  été fatales à une très grande partie des adultes.

 

L’automne 2006 et l’hiver très doux de cette année ont accéléré le développement des céréales. La période de vulnérabilité des céréales s’étend du stade épiaison au stade floraison. L’épiaison a eu lieu particulièrement tôt cette année : aux alentours du 15 mai, les épis de froment commençaient déjà à poindre. La période sensible a généralement pris fin vers le 25 mai, date à laquelle la majorité des champs avaient atteint le stade floraison. Les stades vulnérables du blé étaient donc passés à l’arrivée des premières cécidomyies.Des pontes ont cependant eu lieu, mais sans conséquence pour la culture. Le nombre de larves de cécidomyies à la fin juin dans les 8 champs de froment suivis ne dépassait pas 3 larves pour 100 épis.De premières observations relatives à la résistance ont été réalisées dans des essais déjà en place et installés à proximité de Gembloux. Le comptage des larves par 100 épis a été effectué pour 60 variétés comparées sur la plate-forme d’expérimentation de la FUSAGx. Pour 27 de ces variétés, 2 périodes de semis étaient disponibles : octobre et décembre. Pour cette dernière, le stade vulnérable du froment a assez bien coïncidé avec les vols de S. mosellana. Hormis les variétés Glasgow et Robigus déjà connues comme résistantes, deux autres variétés se sont particulièrement bien comportées. D’autres expériences seront mises en place pour confirmer ou infirmer ces observations.

Financement

  • SPW - DGARNE