En 1993, des aulnes rivulaires (Alnus spp.) présentant un dépérissement important ont été signalés dans le sud de l’Angleterre. Les arbres atteints présentaient un éclaircissement de la couronne (fig. 1), des taches brunâtres à la base du tronc avec quelquefois des écoulements de couleur brun-rouge (fig. 2). Un niveau élevé de mortalité a été observe. Un Phytophthora ressemblant à P. cambivora en ce qui concerne la morphologie des oospores et des sporanges, mais homothallique avec une fréquence élevée d’avortement zygotique a été identifié comme agent responsable. Des études moléculaires ont montré que l’agent pathogène comprenait un ensemble d’isolats produits par hybridation entre P. cambivora et un autre Phytophthora dont l’origine n’a pas encore été déterminée. Depuis son premier signalement, la maladie a été identifiée dans plusieurs pays européens. En Belgique, le « Phytophthora de l’aulne » a été isolé pour la première fois en 1999 à partir de tissus nécrosés prélevés sur un aulne glutineux (Alnus glutinosa).
Objectifs
En Europe, les aulnes rivulaires sont fréquents le long des cours d’eau. Etant tolérants aux inondations, ils sont particulièrement bien adaptés aux zones humides. De plus, ils jouent un rôle écologique non négligeable d’une part en stabilisant les berges et d’autre part, en améliorant la qualité de l’eau (par filtration et purification). En raison du caractère épidémique de la maladie et du fait que l’infection est le plus souvent létale, un projet de recherche a été proposé en 2001 pour évaluer l’importance du problème en Wallonie, caractériser le pathosystème et renseigner les gestionnaires de cours d’eau sur les méthodes de lutte les plus adaptées.
Description des tâches
Description de l’étude 1)Caractérisation des isolats collectés en Belgique Cette étude vise à comparer les caractéristiques phénotypiques et génétiques des isolats belges du Phytophthora de l’aulne avec celles d’isolats de référence (souches variantes et standard) provenant d’autres pays. 2)Développement d’un outil PCR pour l’identification du Phytophthora de l’aulne Le projet prévoit le développement d’amorces PCR (Polymerase Chain Reaction) pour la détection spécifique du Phytophthora de l’aulne à partir de tissus végétaux infectés, de sol ou d’eau de rivière en utilisant la technologie SCAR (Sequence-Characterised Amplification Region). 3)Rôle de paramètres environnementaux sur le développement de sporanges et de zoospores Une des tâches du projet concerne l’étude de l’impact de facteurs impliqués dans le mécanisme d’infection tels que la température et le degré de pollution de l’eau ou la lumière sur la production de sporanges et de zoospores. 4)Sélection de génotypes résistants Des tests de pathogénicité sur des plants sélectionnés seront envisagés pour identifier des génotypes potentiellement résistants qui pourraient être utilisés dans des zones fortement infectées.
Résultats attendus
La réalisation du projet permettra de déterminer les conditions environnementales favorables à l’infection. Cette information sera utilisée pour établir des protocoles visant à prévenir l’extension de la maladie dans les zones où elle n’est pas encore présente, et à minimiser ses effets dans les zones infectées.
Contribution
1)Caractérisation des isolats du Phytophthora de l’aulne collectés en Belgique sur base de critères morphologiques et moléculaires (en utilisant les techniques RAPD and RAMS) et selon leur agressivité à l’égard de l’aulne. 2)Sélection d’amorces PCR pour la détection spécifique du Phytophthora de l’aulne 3)Evaluation de l’impact de divers facteurs environnementaux sur la production de sporanges et de zoospores 4)Développement de tests de pathogénicité pouvant être utilisés en routine pour la sélection de plants tolérants / résistants à la maladie.
Partenaires
Outre le Centre Wallon de Recherches Agronomiques, un autre partenaire est impliqué dans le projet. Ce partenaire (Unité de Gestion des Ressources forestières et des Milieux naturels, Faculté Universitaire des Sciences Agronomiques de Gembloux), a comme objectif d’établir un état des lieux de la maladie en Wallonie le long de tous les cours d’eau classés (184 unités d’échantillonnage, 1012 arbres observés), de décrire les unités d’échantillonnage (conception de fiches terrain) et de créer une base de données permettant d’établir des corrélations potentielles entre des facteurs environnementaux et la fréquence d’infection par le Phytophthora de l’aulne.
