Du
01 Novembre 2000
au
31 Mars 2004

Optimisation de la croissance des génisses afin de favoriser un vêlage à 24 mois

Optimisation de la croissance des génisses afin de favoriser un vêlage à 24 mois

Contexte

Pour rester compétitifs et s’assurer un niveau de revenu décent, les éleveurs sont contraints de réduire leurs coûts de production. La généralisation d’un premier vêlage à 24 mois pourrait y contribuer. Cette technique devrait permettre de raccourcir d’une demi année la vie improductive de l’animal et théoriquement de désintensifier les systèmes. En effet, en modifiant la composition du cheptel par un remplacement plus rapide des vaches, l’éleveur peut diminuer le nombre de femelles élevées et donc le chargement de l’exploitation tout en gardant un même nombre de veaux. Cependant, dans les élevages BBB, cette pratique n’est pas courante et les exploitations la pratiquant sont plutôt de type intensif (recours aux concentrés dans les rations et fertilisation importante). Pour faire vêler des génisses à 24 mois, le poids semble être un des facteurs déterminants. Il faut en effet que le développement corporel de l’animal soit suffisant lors de la première insémination soit 65 à 70 % du poids adulte, c’est-à-dire entre 400 et 420 kg à 15 mois. Pour obtenir des génisses précoces, il faut donc leur assurer un accroissement quotidien moyen de 0.750 kg et ce dès la naissance.

Objectifs

L’objectif de cette étude est de montrer qu’il est possible de faire vêler des génisses à 24 mois à coûts réduits, en valorisant au maximum les ressources fourragères de l’exploitation. Pour atteindre cet objectif, 2 axes ont été explorés :

- définir l’impact de la ration hivernale sur les performances ultérieures au pâturage ; l’hypothèse émise étant que les rations fermières, associant les céréales et fourrages produits au sein de l’exploitation, permettent des performances soutenues.

- définir, en vue de réduire les coûts alimentaires, les possibilités de valorisation de la prairie par des génisses de 6 mois.

Résultats obtenus

IMPACT DU REGIME HIVERNAL SUR LES PERFORMANCES AU PATURAGE

Les principaux résultats des essais menés durant 3 ans sont résumés au tableau 1. La ration de base (fourrage (FOR) ou concentré (CON)) et le niveau protéique (115 N ou 100 N) du régime influencent significativement les performances hivernales sans qu’il y ait d’interaction entre ces facteurs. Les génisses nourries avec des concentrés sont plus lourdes à la mise à l’herbe. La différence de poids à la fin de l’hiver est de 20 à 30 kg à la faveur de ces dernières. La même observation a été faite en ce qui concerne le niveau protéique de la ration, à savoir que les génisses recevant les rations plus riches en protéines (115N) sont plus lourdes au printemps. Néanmoins, au niveau économique, les rations à base de fourrages sont compétitives avec des coûts moyens sur toute la période de stabulation de 0.91 € par animal par jour. Par contre, les rations à base de concentré coûtent, en moyenne, 1.22 € par animal et par jour soit une différence de 0.31 €. Pour une durée de stabulation moyenne de 150 jours, cette différence est loin d’être négligeable. Mais le régime hivernal va t’il avoir un impact sur les performances au pâturage? Pour tous les régimes hivernaux testés, les performances chutent à la mise à l’herbe. Cette diminution est d’autant plus forte que les performances hivernales étaient élevées. Les génisses précédemment nourries avec des fourrages maintiennent mieux leur niveau de performances, si bien qu’à la fin de la saison de pâturage il n’y a plus de différence de poids entre les lots et, en moyenne, le poids de 420 kg est atteint entre 15 et 18 mois. [image]

POSSIBILITES DE VALORISATION DE LA PRAIRIE PAR DES GENISSES DE 6 MOIS

Avec une herbe de bonne qualité (940 VEM, 89 g de protéines digestibles dans l’intestin, 16.5 % de protéines brutes) complémentée par 0.5 à 1 kg de concentré d’élevage par animal par jour, les performances permises au pâturage sont, en moyenne pour les 3 années de suivi, de 576 g par jour avec une forte variabilité liée à l’année. Ainsi si les gains de poids enregistrés en 2001 et 2003 sont assez comparables (649 et 765 g/jour), ils sont nettement inférieurs en 2002 où le gain moyen n’a été que de 311 g par jour avec les mêmes disponibilités en herbe et une valeur alimentaire du couvert prairial similaire. Durant la période de stabulation consécutive au pâturage, les génisses nourries avec de l’ensilage d’herbe préfanée ont eu une ingestion journalière significativement plus élevée. Les ingestions des 2 autres régimes (base foin et base concentré) sont comparables. Le gain de poids et l’augmentation du périmètre thoracique obtenus avec le régime à base de concentrés sont significativement supérieurs à ceux des deux autres : 885 g/jour contre 746 et 630 g/jour respectivement pour les régimes à base de concentré, d’herbe préfanée ou de foin. Du point de vue zootechnique, les régimes à base de concentré ou de foin sont donc les plus performants. Comme pour l’expérience 1, les régimes à base de fourrage sont les moins coûteux. Toutes les génisses auraient pu être inséminées dans les limites prévues (15 – 18 mois) pour un premier vêlage précoce. Notons que les génisses nourries au concentré atteignent la limite de 420 kg en moyenne 1.5 mois avant les autres. Pour conclure, au terme de ces 3 années de suivis, nous pouvons dire que si le poids requis pour une première insémination est atteint à l’âge de 15 à 16 mois, quelles que soient les modalités étudiées, l’association 'fourrages produits sur l’exploitation et prairie pâturée' permet d’atteindre cet objectif d’une manière plus économique. La suralimentation protéique ne se justifie pas car, outre l’augmentation du coût des rations, elle ne permet pas d’améliorer les performances de croissance. Elever des génisses pour un premier vêlage précoce semble donc compatible avec l’utilisation des fourrages et céréales produits sur l’exploitation.

Contribution

La Section Systèmes agricoles est porteur du projet. Elle s'est occupé de la mise en place et du suivi de ce dernier, ainsi que de l'analyse des résultats.

Partenaires

DGA : participation financière.

Eleveurs locaux : mise à disposition des animaux expérimentaux.

Coordinateur hors CRA-W

Ir. Virginie Decruyenaere

CRA-W – Section Systèmes agricoles

Rue de Serpont, 100

B-6800 Libramont-Chevigny

Tel. : +32 (0)61 23 10 10

Fax : +32 (0)61 23 10 28

Email : decruyenaere@cra.wallonie.be

 

Financement

  • CRA-W - Centre wallon de Recherches agronomiques
  • SPW - DGARNE

Equipe