Potentiel d'utilisation de régime à valeur OEB négative : essai croissance-finition de taurillons BBBc

Contexte

Les ruminants ont la capacité de transformer la biomasse végétale, non utilisable par l’homme, en produits de haute valeur ajoutée que sont le lait et la viande. Cependant, l’efficacité de la transformation des protéines végétales en protéines animales est assez faible (30 à 35 % chez le taurillon Blanc Bleu Belge culard (BBBc)).

Améliorer le bilan azoté de l’animal est intéressant à des niveaux multiples : (1) via une meilleure utilisation des protéines végétales locales, limiter la dépendance protéique vis-à-vis de l’étranger, et (2) via une limitation des rejets azotés, diminuer la pression exercée par les activités d’élevage de ruminants sur l’environnement.

Le système d’alimentation protéique hollandais (normes DVE/OEB) utilisé en Belgique permet un ajustement des apports protéiques chez les ruminants en tenant compte de la nutrition des micro-organismes présents dans le rumen. Ainsi, une valeur OEB positive se traduit par un excès d’azote dégradable au niveau du rumen, lequel se traduira par une augmentation des rejets azotés dans l’environnement. A l’inverse, une valeur OEB négative traduirait un déficit d’azote dégradable au niveau du rumen, une telle ration ne permettant pas un fonctionnement optimal du rumen. Des essais menés à la Faculté universitaire des Sciences agronomiques de Gembloux (FUSAGx) ont montré que le ruminant était capable de recycler une part importante de l’azote uréique pour nourrir les micro-organismes de son rumen.

Objectifs

L’objectif de ce projet est d’évaluer, chez le taurillon BBBc, l’effet à long terme de la distribution de régimes à valeur OEB négative. Les régimes comparés dans ce cadre sont à base de pulpes de betterave surpressées ensilées complémentées de telle sorte que la valeur OEB du régime soit nulle ou négative. L’évaluation des rations est obtenue par la mesure des performances zootechniques, le suivi de l’évolution des paramètres sanguins en lien avec le métabolisme azoté et l’évaluation des carcasses et des viandes ainsi produites.

In fine, le bilan azoté a été mesuré pour les 2 régimes considérés.

Résultats obtenus

Les niveaux de performances sont dans l’ensemble élevés (supérieur à 1.3 kg/jour) et caractéristique de la race. Les croissances obtenues avec le régime à valeur OEB négative sont comparables à celles obtenues avec un régime à valeur OEB nulle (1.277 vs 1.284 kg/jour respectivement pour la ration OEB nul et OEB négatif). En moyenne, nous n’avons pas noté de différence entre les régimes pour ce qui est de l’ingestion volontaire. Notons cependant que l’ingestion des animaux du lot OEB négatif tend à diminuer au cours du temps (figure 1).

En ce qui concerne la qualité des carcasses, nous avons pu observer que le régime à valeur OEB négative tend à fournir des carcasses présentant un pH ultime légèrement plus élevé (5.92 vs 5.77 ; P = 0.075). Signalons que cette valeur est essentiellement due à 1 taurillon du lot OEB négatif (pH post mortem : 6.61).Sur base de la dissection de la côte, le pourcentage de graisse intermusculaire tend à être supérieur pour les animaux du régime OEB négatif (P = 0.065).Il n’y a aucune différence significative entre les régimes en ce qui concerne la qualité technologique et la composition chimique des viandes.Selon les résultats des analyses de sang, les paramètres relatifs au fonctionnement des reins (créatinine) et du foie (l'aspartate amino-transférase ou AST), ne semblent pas influencés par le régime alimentaire. L’ingestion d’un régime à valeur OEB négative sur un cycle complet de croissance/engraissement ne semble pas perturber le métabolisme des animaux. Conformément aux résultats des expérimentations précédemment menées à la FUSAGx, le taux d’urée des animaux nourris avec le régime à valeur OEB négative apparaît significativement inférieur (P<0.01).L’utilisation d’un régime à valeur OEB négative aboutit à diminuer significativement (P<0.05) les rejets d’azote dans l’environnement (tableau 1). Si on considère le rejet d’azote moyen journalier, un taurillon nourri avec la ration à valeur OEB négative rejette 16,2 g de N en moins que son homologue nourri avec la ration à valeur OEB nulle, soit quelques 5,9 kg d’azote en moins par an. Compte tenu des limitations de rejets azotés imposées par l’Europe, cette différence est loin d’être négligeable.

Contribution

Dans le cadre de ce projet, la Section Systèmes agricoles met à disposition des étables expérimentales (système d’auges individuelles) et son savoir-faire en matière d’engraissement de taurillons de type à viande.