Du
09 Février
au
31 Décembre 2015

QCPESFAO

Contrôle qualité des stocks de pesticides obsolètes en Afrique

Contexte

Les productions agricoles dans les pays du Sud, notamment en Afrique, sont menacées par les invasions de ravageurs comme les criquets pèlerins.  Face à l’invasion acridienne, la FAO et les pays concernés ont souvent tiré la sonnette d’alarme et ont sollicité la solidarité qui a souvent bien fonctionné. Ainsi des dons ont été faits en vue de constituer des réserves d’insecticides pour organiser une lutte antiacridienne qui reste difficile (cycle de l’insecte, besoin de télédétection, d’avions, etc.). Des stocks se sont constitués au cours du temps. L'accumulation des stocks de pesticides inutilisés est due aux raisons suivantes:

  • mesures d'interdiction qui frappent des pesticides encore en stock;
  • entreposage prolongé de produits à durée de conservation limitée;
  • difficulté de prévoir les infestations de ravageurs, comme les acridiens;
  • dons excessifs (inappropriés, intempestifs et non coordonnés);
  • arrivée tardive des dons (après la campagne agricole);
  • insuffisances des moyens d'entreposage;
  • manque de formation du personnel à la gestion des stocks (FIFO ou PEPS) ;
  • absence de moyen d’analyses pour vérifier la qualité des pesticides.

D'après une étude de la FAO publiée au début du mois de juin 1996, les grandes quantités de pesticides non utilisés constituent une menace grave pour l'environnement et la santé publique dans les pays en développement.

Parmi ces pesticides stockés, dont la plupart sont des insecticides, nombreux sont ceux dont le délai de garantie couvert par les fabricants est écoulé et de ce fait considérés comme obsolètes.

C’est dans le cadre de ce projet que le CRA-W, fort de la sa longue expérience en matière de physico-chimie des pesticides s’est vu confié le contrôle qualité des formulations afin de s’assurer de leur statut obsolète réel.

En effet, en septembre 2007, la FAO estimait que les pays en développement détiennent des stocks de plus de 100 000 tonnes de pesticides périmés, dont 50 000 tonnes dans les pays africains. Certains stocks ont plus de 30 ans et sont conservés au mépris des mesures de sécurité. Les stocks de pesticides périmés sont de véritables «bombes à retardement», avait déclaré Niek van der Graaff, Chef du Service FAO de la protection des plantes. Aucun pays n'est à l'abri du danger.

En Afrique et au Proche Orient, les effets possibles de ces pesticides périmés sur l'environnement suscitent de vives inquiétudes.  Il fallait agir de toute urgence pour éviter des catastrophes et des dommages irréversibles.

C’est dans ce contexte que la FAO a mis en place un programme de gestion des stocks obsolètes de pesticides.

Description des tâches

Ce projet concerne 13 pays d’Afrique. A ce jour, les échantillons provenant de 3 pays (Mauritanie, Mali et Sénégal) ont été contrôlés pour se prononcer sur leur statut obsolète.  Les échantillons sont répartis comme suit :

- Mauritanie : 68 échantillons de chlorpyrifos (65 UL et 3 EC) ; 10 échantillons de malathion (8 UL et 2 EC) ; 4 échantillons de fénitrothion (1 UL et 3 EC) et 1 échantillon de diflubenzuron OF.

- Mali : 45 échantillons du mélange esfenvalerate/fénitrothion UL ; 22 échantillons de chlorpyrifos UL ; 12 échantillons de deltaméthrine UL ; 9 échantillons de diflubenzuron OF ; 1 échantillon de fénétrothion UL et 1 échantillon de malathion UL.

- Sénégal : 78 échantillons de chlorpyrifos UL ; 4 échantillons de fénitrothion UL ; 3 échantillons de malathion UL et 1 échantillon de diflubenzuron OF.

Le contrôle qualité des échantillons s’est effectué selon les recommandations de la FAO pour l’échantillonnage et le contrôle qualité de produits techniques et des formulations de pesticides. Le contrôle portait sur :

- la détermination de la teneur en substance active

- la détermination de la teneur en impuretés

- la stabilité au stockage à température élevée (test de vieillissement accéléré à 54°C pendant 14 jours).

Pour les concentrés émulsionnables (EC), un test de stabilité de l’émulsion a également été réalisé en plus des autres tests susmentionnés.

 

Les méthodes analytiques utilisées pour les teneurs en substances actives et en impuretés sont l’HPLC-DAD, la GC-FID et la GC-MS.

Résultats obtenus

Sur l’ensemble des 3 pays, un total de 253 échantillons ont été analysés et sont distribués comme suit : 65% de chlorpyrifos ; 17% d’esfenvalerate /fénitrothion ; 5% de malathion ; 5% de deltaméthrine ; 4% de diflubenzuron et 3% de fénitrothion.

Sur l’ensemble des échantillons analysés, 28% (74 échantillons) sont non conformes aux spécifications FAO.

Le taux de non-conformité observé par substance active se présente comme suit : 0% d’esfenvalerate/fénitrothion ; 26% de chlorpyrifos ; 33% de deltaméthrine ; 67% de fénitrothion ; 100% de malathion et 50% de diflubenzuron. Les résultats tendent à montrer que les formulations à base d’organophosphorés sont les moins stables sous les conditions climatiques de l’Afrique.

Il n’apparaît pas de relations évidentes entre le statut obsolète et le lieu de stockage.

Des facteurs comme le numéro de lot et l’origine du produit devraient permettre d’expliquer ces non-conformités observées.

En aucun cas, le test de vieillissement accéléré n’a montré de différence avec les échantillons non stockés sur la base des spécifications FAO. Dans certains cas, il est apparu que des substances actives annoncées dans l’échantillon n’étaient pas détectées. L’analyse à postériori par GC-MS a permis de caractériser une substance active différente de celle annoncée. Cette situation pourrait être due à une erreur d’étiquetage ou une erreur d’échantillonnage. 

Sur l’ensemble des 13 pays concernés par le projet, les échantillons provenant de 10 pays sont encore à analyser. Il s’agit de : Algérie, Burkina Faso, Cap Vert, Gambie, Guinée Bissau, Lybie, Maroc, Niger, Tchad et Tunisie. Ce projet ouvre des voies de réflexions sur la gestion des stocks obsolètes de pesticides. 

Contribution

L'Unité Physico-chimie et résidus des produits phytopharmaceutiques et des biocides réalise le contrôle qualité des échantillons de formulations prélevés sur le terrain par les agents formés par la FAO. Il fourni à la FAO, donneur d’ordre, un rapport détaillé et un avis motivé sur le statut obsolète ou non des lots de pesticides analysés. 

Financement

  • FAO - Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture