Du
18 Avril
au
31 Décembre 2016

Recherche d’une protection phytosanitaire optimale en culture biologique du pommier

Recherche d’une protection phytosanitaire optimale en culture biologique du pommier

Contexte

Dans un contexte européen de surproduction structurelle de pommes issues des techniques conventionnelles, il est très intéressant de rechercher des techniques alternatives permettant à la fois de diversifier le marché, de développer des systèmes culturaux plus respectueux de l’environnement et qui offrent de meilleures garanties pour le consommateur. Les principaux problèmes rencontrés en culture biologique du pommier proviennent du grand nombre de maladies et parasites qui peuvent affecter sensiblement la quantité et la qualité de la production. L’assortiment actuel de variétés commerciales présente une forte sensibilité aux maladies et n’est donc pas bien adapté à la culture biologique. De ce fait, en culture commerciale, il est indispensable d’appliquer un grand nombre de traitements fongicides qui peuvent représenter jusqu’à 70 % de l’ensemble des traitements phytosanitaires. D’autres difficultés résultent tout d’abord du nombre très limité de substances actives agréées en Belgique pour la culture biologique et ensuite, de leur mode d’action à caractère uniquement préventif. Cette situation risque encore de s’aggraver si la réglementation européenne en matière de produits phytosanitaires réduit fortement ou interdit l’usage du cuivre.

Objectifs

En tant que projet pilote en la matière, un des objectifs principaux consiste à établir des bases scientifiques qui soutiennent la production biologique Il s’agit de rechercher la définition d’une stratégie globale qui optimalise les principaux facteurs intervenants dans le système écologique «verger » tels que :  Le choix de variétés à la fois résistantes aux maladies et économiquement rentables.  La création d'un environnement écologique et d’une biodiversité végétale favorable à la faune auxiliaire, utile contre les ravageurs.  Le maintien d’un faible potentiel d’infection - par l’application de mesures prophylactiques qui visent à réduire l'inoculum des maladies - par l’application de traitements fongicides qui se basent sur l’utilisation d’outils rationnels d’aide au choix des traitements (stations météos couplées à des logiciels de suivi de l’épidémiologie de la tavelure) - par le suivi au verger des seuils de nuisibilité des organismes parasites.  La fumure organique du verger et une gestion du sol favorisant l'activité biologique.  La conduite de l'arbre visant un bon équilibre entre la vigueur et la mise à fruit selon la technique « MAFCOT ». Le but est de rechercher des moyens de lutte alternatifs contre la tavelure en production biologique par la réalisation de travaux visant à définir l’efficacité de nouvelles matières actives en conditions contrôlées et la validation des résultats dans un verger expérimental. L’impact des schémas de traitements sur la qualité des fruits et la faune auxiliaire est également pris en compte. Il s’agit aussi d’établir un écobilan et définir les possibilités d’une production fruitière rentable en culture biologique en Belgique.

Description des tâches

Un verger expérimental de deux hectares, de type professionnel, a été mis en place à Gembloux (année 2002), selon un dispositif expérimental en six blocs aléatoires. Il comporte huit variétés de pommier, modernes et anciennes, présentant des résistances variables à la tavelure (‘Rubinstep-Pirouette’, ‘Reinette des Capucins’, ‘Reinette de Waleffe’, ‘Pinova’, ‘Topaz’, ‘Zvatava’, ‘Initial’ et ‘JN 20/33/58’). Ces variétés sont toutes greffées sur le porte-greffe M9. Dix schémas de traitement distincts contre la tavelure sont testés chaque année depuis 2003. Un suivi annuel des maladies et des ravageurs, ainsi que l’évaluation de la qualité des fruits sont réalisés en fonction des différents schémas de traitement appliqués. Le premier but de ce dispositif est de définir une stratégie assurant la durabilité des variétés commerciales présentant une résistance à la tavelure conférée par le gène Vf. L’autre but est d’évaluer dans quelle mesure la stratégie de réduction du nombre de traitements fongicides peut s’appuyer sur la résistance génétique des variétés, que ce soit pour la tavelure ou pour les autres maladies comme l’oïdium et le chancre. On veille à ce que tous les facteurs de production soient portés à leur optimum afin de créer les meilleures conditions pour obtenir un verger biologique productif et rentable. Les schémas de traitement visent notamment à optimaliser l’usage du soufre et diminuer ou supprimer l’usage du cuivre. Un pulvérisateur tunnel expérimental permettant une économie de 30 à 50 % de bouillie de pulvérisation, muni de huit cuves, est utilisé pour l’application des différents schémas de traitement sur les rangs de pommiers contigus. Des études d’écobilan du verger permettront d’analyser l’ensemble des paramètres intervenant dans ce système de conduite et plus précisément de comparer objectivement l’impact global des différents schémas de traitements par rapport à des schémas plus conventionnels. Des essais sont aussi menés sur plants greffés en pots afin d’étudier la possibilité de réduire les traitements fongicides en s’appuyant sur la résistance naturelle des variétés. La réalisation en conditions contrôlées sur semis de pommier, de multiples essais d’efficacité de substances vis-à-vis de la tavelure, ont permis de sélectionner de nouvelles substances actives contre cette maladie. L’usage du polysulfure de calcium, des bicarbonates et des silicates sont notamment étudiés comme alternative aux produits à base de soufre et de cuivre. Cette recherche intègre des moyens de lutte innovants qui combinent à la fois une action de renforcement de la défense active des plantes et une action fongicide. Des essais d’efficacité de substances minérales sur milieux de cultures in vitro sont aussi réalisés.

Résultats attendus

Sur base des résultats des travaux de recherche, une stratégie sera définie, intégrant toutes les technologies modernes les plus respectueuses de l’environnement en vue de créer une filière rentable du fruit biologique. Ces outils aideront le secteur à mieux répondre aux exigences économiques et aux demandes des consommateurs soucieux d’acheter des fruits sains à des prix accessibles. Les résultats de ces travaux ont également tout leur intérêt pour les arboriculteurs pratiquant la production intégrée.

Financement

  • SPW - DGARNE

Equipe