10 Décembre 2020

Amener le laboratoire à la ferme en vue d’analyser les fourrages

La tendance de ces dernières années consiste non plus à déplacer les échantillons au laboratoire mais à amener les instruments de mesure directement sur le lieu

Traditionnellement, un échantillon de fourrage est amené au laboratoire. Une fois séché et broyé, il est mesuré au moyen de spectromètres proche infrarouge afin de prédire les paramètres de qualité. Depuis quelques années, grâce à la miniaturisation des instruments d’analyse, le déplacement du laboratoire à la ferme devient à la portée des producteurs et des conseillers. L’intérêt d’une telle démarche est de réduire drastiquement le temps d’analyse (en supprimant le temps de séchage et de broyage des échantillons) et ainsi de permettre une meilleure adaptation des rations par l’éleveur en réalisant des analyses de manière plus régulière, pour prendre en compte la variabilité de la qualité des fourrages dans l’espace et dans le temps. Dans le cadre du projet EFFORT, les performances de quatre appareils portables ont été comparées : le FieldSpec 4 (ASD), le Micronir 1700 (Viavi), le Flame-NIR (OceanOptics) et l’AuroraNIR (GrainIT).

La démarche consiste à établir des modèles pour chaque type de fourrage en frais (herbe-foins, ensilage de maïs, ensilage d’herbe et préfané) et pour chacun des paramètres à estimer (matière sèche, cendres, protéines, fibres, amidon, sucres et digestibilité). Pour ce faire, des échantillons ont été récoltés et analysés sur site à l’aide des quatre spectromètres portables dans une cinquantaine de fermes partout en Wallonie entre 2018 et 2020. Dans un premier temps, une base de données spectrales a été constituée pour les différents produits et les valeurs de référence pour chacun des paramètres ont été obtenues. Sur base de ces données, des modèles de calibration ont ensuite été développés pour chaque appareil portable.

Des résultats encourageants pour la détermination de la matière sèche ont été obtenus. Concernant les autres paramètres, les erreurs de précision des modèles restent encore assez élevées par rapport aux méthodes de référence. Deux difficultés majeures ont été rencontrées : une très forte hétérogénéité et un taux d’humidité élevé pour ce type de produit. Concernant l’hétérogénéité, un protocole a été mis en place pour réaliser une mesure qui soit la plus représentative possible de l’échantillon. Quant au taux d’humidité élevé, il a eu pour effet d’induire une erreur de prédiction assez élevée pour tous les paramètres autres que la matière sèche, car l’eau absorbant fortement le rayonnement proche infrarouge les autres constituants chimiques des fourrages sont ainsi masqués.

Dans l’état actuel des recherches, ces appareils portables permettent à l’éleveur laitier d’obtenir une prédiction quantitative relativement précise de la matière sèche et une information qualitative (bon; moyen, mauvais) pour les autres paramètres des fourrages analysés, afin d’adapter l’alimentation de ses animaux.

Le projet EFFORT est financé par la loi Moerman.