Du
18 Avril
au
31 Décembre 2016

Etude des points critiques dans l’élevage des génisses de type laitier en Wallonie

Etude des points critiques dans l’élevage des génisses de type laitier en Wallonie

Contexte

Le taux de renouvellement des vaches laitières avoisine bien souvent 30 % du troupeau dans les élevages conventionnels. La bonne conduite des génisses est donc primordiale et constitue le point de départ pour assurer la rentabilité et l’avenir des exploitations laitières. Pourtant, étant donné que ces jeunes animaux n’ont pas de valeur productive, ils ne reçoivent pas systématiquement toute l’attention et la vigilance nécessaires pour optimaliser leur développement.Il est par exemple clairement démontré qu’un premier vêlage situé entre 24 et 26 mois, à un poids vif de 625 kg, réduit considérablement les coûts de la phase d’élevage, maximise la production par jour de vie ainsi que la longévité des vaches et permet l’obtention d’animaux plus fertiles comparativement aux génisses vêlant tardivement ou avec un manque de conformation. Pour atteindre cet objectif, les génisses devront être conduites d’une manière rigoureuse, atteindre des gains de croît élevés de 0 à 6 mois ainsi qu’en fin de gestation (GQM > 900 g/j) mais réaliser une croissance plus faible lors de la puberté (GQM < 800 g/j) afin de ne pas altérer le développement de la mamelle et leur fertilité.

Objectifs

Suite à une table ronde, les producteurs ont clairement formulé l’intérêt d’obtenir plus de renseignements sur l’élevage du jeune bétail laitier en particulier sur l’importance des conditions de logement, des traitements anti-parasitaires et des modes d’alimentation. Le projet propose de mettre ces critères en relation avec la croissance des génisses, estimée sur base de leur tour de poitrine.

Description des tâches

1.       Sélection des fermes L’enquête est réalisée dans trente fermes situées dans les deux grandes régions laitières de Wallonie : la région herbagère de Herve et la région de Chimay. La sélection des exploitations a été réalisée sur base d’une participation volontaire des éleveurs, afin de disposer au sein de chaque région de situations aussi diverses que possible quant à la gestion au pâturage et des modalités de logement du jeune bétail. La sélection des fermes a été réalisée par le service technico-économique de l’AWE (Mr Fabry) pour la région de Herve et en collaboration avec la DGA (Mr de Munck) pour la région de Chimay.

 2.        Caractérisation de l’unité de production La caractérisation des exploitations (quota, production des primipares et multipares, taux de renouvellement, schéma d’alimentation, longévité, génétique, fertilité,…) est réalisée afin de mettre en relation les performances zootechniques du troupeau et la conduite des génisses.

 3.       Partie expérimentale Dans chaque région, quinze exploitations sont régulièrement visitées pendant deux années consécutives, tant en période de stabulation que durant la période estivale, afin d’effectuer des mesures relatives au développement corporel (hauteur au garrot, « largeur » aux ischions, « longueur », tour de poitrine et note d’état d’engraissement). Ces données, réalisées sur une vingtaine d’animaux par exploitations, seront mises en relation avec l’alimentation, les facteurs de management et les conditions d’ambiance (température et humidité mesurées de façon horaire, volume d’air et surface disponibles par animal). A la rentrée en étable des animaux, le dosage du pepsinogène sanguin, effectué sur quelques génisses de l’exploitation, permettra d’établir l’efficacité des traitements anti-parasitaires pratiqués par l’éleveur.

4.       Conception de la base de données et analyses statistiquesCette tâche sera réalisée par le Département de Productions et Nutrition animales, en collaboration avec la section Biométrie du CRA-W.

 

Résultats attendus

Si dans un premier temps, le projet donnera surtout des éléments de réflexion et de comparaison aux éleveurs laitiers, il devrait permettre à terme d’identifier les pratiques et les savoir-faire assurant un développement optimal des génisses, les préparant au mieux à leur future carrière de vaches laitières.  De plus, les données relatives au développement des génisses, mises en relation avec les performances du troupeau, devraient permettre d’apprécier l’impact économique de certaines pratiques d’élevage et ainsi, de conditionner les choix futurs des éleveurs.

Résultats obtenus

  • Croissance
  • A l’heure actuelle, 760 génisses ont été intégrées au projet. Notre base de données comprend actuellement plus de 11.000 données concernant la croissance des génisses.

    L’Institut de l’Elevage en France a mis au point une courbe de référence pour un vêlage précoce (24-26 mois). Celle-ci met en évidence l’évolution du tour de poitrine en fonction de l’âge (Figure 1 – en bleu).  Pour chaque région, la courbe de développement des génisses du projet a été mise en relation avec celle préconisée en France. Ces courbes sont pratiquement identiques. Cela signifie qu’en moyenne, les génisses ont un développement corporel permettant de vêler à 24 - 26 mois.

  • Alimentation
  • Les animaux ont été regroupé dans différentes classes d’âge (intervalle de 3 mois) afin d’étudier l’influence de l’alimentation hivernale distribuée. L’ingestion a été estimée sur base du système des unités d’encombrement. Le gain quotidien moyen a été déterminé grâce aux mesures du tour de poitrine et mis en relation avec l’ingestion d’énergie nette et de protéines digestibles. Dans 93 % des cas, il a été observé que l’apport protéique était excédentaire. De plus, certains animaux réalisent une croissance trop faible par rapport à l’idéal pour un vêlage précoce. Ce retard de croissance est observable, pour au moins une classe d’âge, dans 48 % des exploitations. Ce problème de croissance peut-être imputé à une alimentation non adaptée dans 68 % des situations.

  • Logement
  • La bonne ventilation des étables a également été évaluée. Afin d’estimer le renouvellement de l’air, nous avons mesuré la différence d’hygrométrie absolue entre l’intérieur et l’extérieur du bâtiment en fonction du volume d’air. Après 3 tests, il apparaît que l’efficacité de la ventilation n’était pas optimale lors d’un de nos passages dans 86 % des exploitations. Cependant, ce problème n’est récurent que dans 15 % des cas.
  • Parasitisme
  • La gestion du parasitisme reste un problème récurrent à chaque saison de pâturage. Nous avons utilisé le dosage du pepsinogène sanguin pour objectiver la charge parasitaire du troupeau. Suite à ces analyses, il a été observé que la totalité des exploitations traitent avec trop d’efficacité leurs génisses. De ce fait, l’immunité n’est pas acquise de façon suffisante, ce qui nécessitera un traitement supplémentaire l’année suivante. 

    Contribution

    CRA-W - enquête auprès des exploitations; analyse et interprétation des résultats, rapport final.

    Partenaires

    - Association Wallonne de l’Elevage (AWE) : Service technico-économique ; Mr Fabry.

    - Direction Générale de l’Agriculture : Mr de Munck.

    Coordinateur hors CRA-W

    Pascale Picron

    Financement

    • SPW - DGARNE

    Equipe