Du
01 Novembre 2009
au
31 Août 2015

Hota

HOTA: Stratégies alimentaires pour réduire l’impact environnemental en équivalents CO2 chez la vache laitière produisant un lait de qualité nutritionnelle améliorée

Objectifs

Contexte général

Les émissions de CH4 entérique des ruminants représentent une perte de l’énergie brute des aliments et contribuent au phénomène d’effet de serre. Les stratégies de diminution de la production de CH4 entérique chez les ruminants présentent donc autant un intérêt économique qu’environnemental. De nombreuses stratégies pour réduire les émissions de CH4 entérique ont fait l’objet de recherches. De ces dernières, les approches nutritionnelles sont les plus applicables sur le terrain. Dans ce cadre, l’utilisation potentielle d’extraits de plantes est intéressante car c’est une alternative naturelle aux additifs chimiques et est bien perçue par les consommateurs.

D’autre part, l’intensification de nos modes d’élevage est la cause de rejets azotés non négligeables, affectant notre environnement via, notamment, l’eutrophisation des eaux. Qui plus est, ces rejets peuvent générer du N2O par le processus de nitrification – dénitrification des bactéries du sol, qui est également un GES puissant. La vache laitière ‘réglementaire’ actuelle excrète 90 kg/an d’azote. Cette norme est de plus en plus difficile à défendre au niveau de l’UE et il est important d’optimiser nos élevages si l’on ne veut pas que cette valeur soit considérée comme trop basse, ce qui aurait comme conséquence de réduire le cheptel dans certaines régions. Les protéines apportées par les rations pour vaches laitières sont souvent excédentaires et engendrent des quantités importantes d’azote ammoniacal perdues dans les urines. Les extraits de plantes riches en tannins offrent des perspectives pour limiter ces rejets azotés. En effet, les tannins se lient aux protéines alimentaires ou microbiennes et forment des complexes peu solubles et non dégradés dans le rumen. Une diminution de la dégradabilité des protéines dans le rumen pourrait conduire à une meilleure efficience azotée des animaux, et contribuer à une meilleure valorisation des protéines autochtones.

En plus de ces approches environnementales, le lait est également un aliment qui présente de nombreux avantages sur le plan nutritionnel pour la santé humaine : teneur en Ca et autres minéraux, vitamine du groupe B… La qualité de matières grasses laitières est par contre parfois critiquée en raison de sa proportion élevée en acides gras saturés, considérés comme plus athérogènes. Malgré le fait que des études récentes démystifient un peu ces allégations, l’alimentation de la vache laitière est un bon levier pour modifier le profil en acides gras du lait, et notamment d’accroître les teneurs en acides gras insaturés présentant plus d’intérêts d’un point de vue nutritionnel.

 

Objectif

L’objectif du projet de recherche, mené en co-promotion avec l’université catholique de Louvain (Prof. Y. Larondelle et Prof. M. Focant), est d’apporter aux éleveurs laitiers wallons des solutions alimentaires pour produire un lait de qualité nutritionnelle améliorée avec des rations qui auront la particularité de minimiser les émissions de CH4 et les rejets d’azote dans les déjections.

Ce projet répond à une préoccupation du secteur agricole des productions animales, et aussi de l’industrie laitière, qui est à la recherche de nouvelles opportunités de valorisation. Le secteur laitier cherche notamment à préparer de nouvelles réponses aux préoccupations environnementales des consommateurs, tout en gardant un souci de production naturelle, chère à l’ensemble des acteurs de la chaîne et surtout au consommateur final. La production d’un lait de qualité nutritionnelle améliorée, dans le respect de l’environnement, est de nature à renforcer l’image de marque de toute la filière laitière wallonne et des éleveurs laitiers wallons en particulier.

 

Résultats obtenus

Les deux premières années du projet ont permis d’identifier, par des techniques in vitro, l’intérêt potentiel de certains extraits de plantes afin de limiter les émissions de CH4 et d’optimiser l’efficience azotée des vaches.

Deux extraits ont ainsi été identifiés, l’un riche en tanins et pouvant améliorer l’efficience protéique des animaux, l’autre riche en certains types d’acides susceptibles d’agir sur l’activité microbienne du rumen et limiter ainsi les émissions de CH4.

Ces extraits ont été testés dans l’alimentation de vaches laitières en production recevant déjà une ration de base formulée de manière très précise (CTRL) afin de répondre au mieux à leurs besoins. Des graines de lin extrudées ont été introduites dans cette ration, en présence (LIN + additif) ou non (LIN) des deux additifs identifiés in vitro. Les rations étaient distribuées afin d’apporter une même quantité de nutriments (protéines digestibles et énergie nette). Alors que l’efficience azotée des animaux est souvent comprise entre 25 et 28 % en pratique, les rations CTRL et LIN permettaient une efficience proche de 35 % qui s’est vue améliorée (37%) en présence des additifs. Par ailleurs, les graines de lin ont permis de réduire les émissions de méthane de 15% par rapport à la ration CTRL, sans avantage supplémentaire des additifs. Les productions laitières étaient similaires pour toutes les modalités.

En outre, la présence de lin dans la ration a permis d’améliorer grandement le profil en AG du lait, en particulier les teneurs en acides gras polyinsaturés, la teneur en acide linoléique conjugué et le rapport w6/w3.

Dans un autre essai, les additifs ont été testés séparément. Les résultats ont confirmé la réelle efficacité des tanins sur l’efficience azotée des vaches en production. Par contre, l’effet des acides sur la méthanogenèse, pourtant observé lors des tests in vitro, n’a pas pu être confirmé.

Enfin, un essai à l’échelle du troupeau a été mené pour évaluer l’incidence du type de ration distribuée aux vaches sur les paramètres environnementaux et sur la qualité du lait. Les rations comparées différaient quant aux teneurs en protéines (16.4 vs 13.5%), aux sources de protéines (soja vs graines de lin extrudées) et à leur sources énergétiques. Les résultats montrent toute l'importance d'une alimentation de précision pour optimiser la durabilité de nos élevages laitiers, que ce soit en termes d'émissions de méthane (+/- 15%), d'efficience azotée (+/- 15%) ou de qualité nutritionnelle du lait (+35% AGPI).

Contribution

Projet subsidié par le Service Public de Wallonie

Contribution de sociétés : Dumoulin, Yakima Chief et Oxylent

Partenaires

Université catholique de Louvain:

Prof. M. Focant, Prof. Y. Larondelle

Faculty of Bioscience Engineering & Institute of Life Sciences
Croix du Sud, 2 bte L7.05.08 B-1348 Louvain-la-Neuve Belgium 

 

Coordinateur hors CRA-W

Prof. M. Focant, Prof. Y. Larondelle UCL, Faculty of Bioscience Engineering & Institute of Life Sciences Croix du Sud, 2 bte L7.05.08 B-1348 Louvain-la-Neuve Belgium

Financement

  • SPW - DGO3 - Direction de la Recherche et du Développement