17 Décembre 2012

Luzerne pâturée : le bonheur est dans le pré

Une plante de prairie capable de concilier économie, environnement et santé ? Le CRA-W dit « Oui !» à la luzerne pâturée

La prairie pâturée représente une alimentation de qualité, disponible à peu de frais, pour la vache laitière. L’herbe verte est riche en protéines, particulièrement lorsqu’elle se compose d’une association « graminées – légumineuses », capables de mobiliser l’azote atmosphérique. En outre, la prairie améliore la teneur en matière organique du sol, limite l’érosion et le risque de lessivage des nitrates. Elle fait également office de puits de carbone et a un effet très favorable sur la biodiversité.

 

Parmi toutes les légumineuses fourragères, la luzerne, bien connue en prairie de fauche, présente le meilleur rendement de matière sèche et de protéines à l’hectare. Elle tolère bien la sècheresse grâce à sa racine pivot qui va chercher l’eau et les minéraux en profondeur, participant ainsi à la décompaction du sol et faisant remonter divers éléments nutritifs. Sur le plan nutritionnel, la luzerne est riche en calcium, phosphore, magnésium et oligo-éléments.

Une limite à son l’utilisation fourragère optimale est que la majorité de ses protéines se trouvent dans ses feuilles. Or, la perte de folioles au fanage peut être importante, ce qui altère la qualité des foins et des ensilages.

 

En septembre 2011, dans le cadre du projet GrassMilk, le troupeau laitier du CRA-W a pâturé de la luzerne (2e coupe, associée à moins de 5% de dactyle), sans que cela n’entraîne de trouble métabolique. On a attendu 5 à 6 semaines de repousse et limité la taille des parcelles pour offrir aux vaches 10 kg MS de luzerne/j. Les animaux recevaient en plus 3,5 kg MS de maïs ensilé et 3,6 kg MS de concentré (plus un concentré de production). Elles ont principalement effeuillé les plantes, délaissant les tiges, plus coriaces. La pérennité de la luzernière n’a pas été compromise par ce pâturage.

 

Ni la production laitière, ni les quantités ingérées n’en ont été altérées. Comparativement au pâturage de ray-grass anglais, seul le profil en acides gras, le taux d’urée moyen (29.83 mg/dl contre 19.20 mg/dl pour le ray-grass) et le taux butyreux moyen (3.6 contre 3.89 pour le ray-grass) ont été significativement différents. Les laits obtenus sur luzerne ont été proportionnellement plus riches en acides gras polyinsaturés (notamment en oméga 3 et 6) et en acide linoléique conjugué (CLA) réputés pour leurs effets bénéfiques sur la santé humaine.

 

Le pâturage de luzerne permettrait donc l’obtention de lait de qualité. Cela tout en préservant l’environnement et le portefeuille de l’agriculteur ; dès lors plus autonome sur le plan de la gestion protéique de sa ration, et soulagé d’une partie des coûts liés aux engrais azotés et aux énergies fossiles.