La production de mâles (mâles non castrés) est une alternative envisagée qui a été expérimentée au travers du projet « AlCaPorc » conduit à la porcherie expérimentale du CRA-W entre août 2011 et mars 2014. Elle montre un intérêt du point de vue des performances zootechniques et des retombées économiques pour les éleveurs.
La question de mêler ou non les mâles et les femelles dans une même loge interroge les éleveurs quant à la gestion du comportement des animaux, le niveau des performances et la qualité des carcasses et de la viande, dont le risque de défaut d’odeur.
Une expérimentation menée sur 264 porcs engraissés au cours de 2 bandes successives a été réalisée. Les loges comprenaient 8 animaux, soit mâles, soit femelles, soit mâles et femelles mêlés en nombres identiques. Elles étaient paillées et l’alimentation était distribuée à volonté. Le transfert à l’abattoir a été réalisé en un seul départ par bande pour un poids vif d’environ 115 kg.
Concernant les performances zootechniques, la qualité de la carcasse et de la viande, les comportements et les lésions, la mixité semble globalement favorable aux mâles. Elle limite l’effet de perturbation en cascade et réduit les phénomènes de chevauchement et donc les scores de lésions observés lorsque les mâles sont entre eux. Par contre, les femelles semblent quelque peu pâtir de cette cohabitation : les scores de lésions sont plus élevés et 2 femelles en cours de gestation à l’abattage posent un problème éthique.
Concernant l’odeur de verrat, la mixité augmente le risque de défaut d’odeur déterminé par le dosage des teneurs en androsténone et scatol par UPLC-MS/MS d’un échantillon de gras. Les carcasses présentant des teneurs en ces molécules, telles qu’elles doivent être écartées de la consommation en frais (teneurs respectivement supérieures à 2000 ppm et 200 ppb), représentaient 12.5% pour les mâles engraissés avec des femelles, contre 6.5% lorsque les mâles sont seuls. Un effet de la bande d’engraissement est mis en évidence et de manière générale, ce taux de défauts d’odeur apparaît relativement élevé au regard des valeurs moyennes de 3 à 5% classiquement avancées. Quant à la technique du nez humain mise en œuvre avec un jury formé, elle porte le taux de défauts d’odeur à 21% sans effet significatif de la mixité. La spécificité des réponses relève les difficultés en la matière, puisque, d’une part, la moitié des échantillons positifs en chromatographie sont jugés acceptables par les jurés, et que, d’autre part, 1 échantillon sur 5 est écarté par les jurés alors qu’ils sont négatifs en chromatographie. Ces résultats soulignent le besoin de poursuivre des recherches relatives aux méthodes d’analyses et aux pratiques d’élevage susceptibles de limiter le risque d’odeur de verrat.
Projet subsidié par la Direction Générale Agriculture, Ressources naturelles et Environnement (SPW/DGO3), convention n° 2998.
Plus d’infos : http://ec.europa.eu/food/animal/welfare/farm/initiatives_fr.htm