Du
04 Janvier 2010
au
30 Juin 2013

SUN

Le projet SUN avait pour objectif de contribuer à réduire les quantités d’azote apportées aux cultures grâce à des pratiques de fertilisation mieux raisonnées. Cette amélioration a pour conséquence directe de limiter les pertes d’azote vers l’air et les eaux et s’inscrit donc dans une gestion durable des ressources naturelles. Les outils de conseil de fertilisation des deux régions partenaires (Wallonie et France) ont été échangés et améliorés pour optimiser l’utilisation d’engrais azoté en agriculture et, par conséquent, pour réduire les impacts négatifs sur l’environnement (air et eau). L’impact des systèmes de cultures sur la lixiviation de l’azote nitrique a également été évalué dans deux bassins versants. Enfin, le bénéfice (environnemental et économique) attendu par l’utilisation des logiciels de conseil de fertilisation mis au point a été analysé. Pour parvenir à l’objectif global du projet, les agriculteurs ont été incités à raisonner leur fertilisation par des actions de communication ainsi que par un encadrement individuel. Le but est au final d’augmenter le nombre d’agriculteurs qui sollicitent, puis appliquent, des conseils de fertilisation.

Contexte

L’agriculture, en tant qu’acteur le plus important dans le paysage rural, joue un rôle prépondérant dans le maintien ou l’amélioration de la qualité de l’environnement.
Malgré la mise en œuvre de la Directive Nitrates (91/676) en 1991, la qualité de l’eau n’a actuellement pas été significativement améliorée.
Et pour cause, dans notre région transfrontalière, les pratiques agricoles ont peu évolué : si la pollution ponctuelle sur les exploitations d’élevage est en cours de résorption, les pollutions diffuses et en particulier celles dues à la fertilisation azotée restent plus difficiles à maîtriser. De plus, les nappes d’eau utilisées pour l’alimentation en eau potable sont profondes : le temps de réponse des nappes de la région est long, parfois supérieur à 20 ans. Pour ces nappes d’eau, l’objectif de 2015, imposé par la Directive Cadre Eau, sera très difficile à tenir, malgré la programmation de l’implantation de cultures piège à nitrate sur l’intégralité des zones vulnérables.
Par ailleurs, l’agriculture est de plus en plus mise à contribution dans le cadre de la lutte contre le changement climatique par la production d’énergie « verte ». Enfin, l’obligation de jachères, qui représentaient jusqu’à 10% de la superficie agricole utile, a été supprimée (décision du Conseil de l’Union Europèenne – 26/09/2007).
Cette superficie va donc à nouveau participer à la production. Dans ce contexte, il est indispensable de donner aux agriculteurs des outils pour gérer leur production de manière durable.

Objectifs

L’objectif global de ce projet est de contribuer à la mise en œuvre d’une utilisation durable de l’azote en agriculture par l’usage de logiciels de conseil de fertilisation azotée (« Azofert® », développé par les chercheurs de l’INRA de Laon) et d’optimalisation des engrais de ferme (« Valor® », développé par les chercheurs du CRA-W et d’AGRA-OST), ainsi que d’un modèle de prédiction du reliquat azoté en sortie d’hiver (« Reliquat Virtuel ») en vue de réduire les pertes d’azote dans le sol, l’eau et l’air.
Des actions de recherche sont menées par certains partenaires du projet afin d’améliorer les outils de conseil de fertilisation (action 2) et d’évaluer, à l’échelle du bassin hydrologique, l’impact de l’agriculture sur le lessivage du nitrate et le bénéfice environnemental et économique attendu grâce à l’utilisation des outils de conseil de fertilisation mis au point (action 3).
En parallèle, les partenaires chargés des actions de vulgarisation ont pour objectif de diffuser ces outils auprès des organismes de conseil en agriculture, d’informer les décideurs politiques du bénéfice escompté par leur utilisation et enfin, d’inciter les agriculteurs à raisonner leur fertilisation tout en les encadrant dans leur démarche (action 4).  Voir site http://www.sun-interreg.eu/

Description des tâches

Le projet s’articule autour de trois actions qui viennent s’ajouter à l’action 1, dont la mission est la coordination générale du projet.

Les acteurs de l’action 2 ont en charge l’amélioration des outils d’aide à la décision par la mise en commun de résultats d’expérimentations menées en France (Départements de l’Aisne et du Nord) et en Belgique (Wallonie). En plus de la validation de l’outil Azofert® en France et son adaptation aux conditions spécifiques de la Wallonie (voir « Contribution du CRAW ») ainsi que la validation et la calibration du modèle « Reliquat Virtuel » (échange de données entre les deux bassins hydrologiques), la complémentarité des trois outils est évaluée dans le but d’obtenir une précision accrue dans le conseil de fertilisation azotée.

L’évaluation de l’impact environnemental est l’objectif des opérateurs de l’action 3. Leurs tâches consistent à appliquer et valider deux modèles (STICS et SWAT) sur les bassins versants et de les coupler avec des bases de données gérées sous le SIG « Arc GIS » afin d’obtenir des simulations intégrant la variabilité des sols et des techniques à l’échelle du bassin. Les impacts environnementaux et financiers des outils précités seront évalués par l’intermédiaire de scénarios climatiques et de pratiques agricoles innovantes.

Le but des opérateurs de l’action 4 est d’inciter les agriculteurs à raisonner leur fertilisation, de les encadrer de manière individuelle dans cette démarche ainsi que de les sensibiliser à l’importance de l’implantation de culture pièges à nitrates. Pour ce faire, en plus des démarches de communication vers les publics-cibles (agriculteurs et grand public), un encadrement des agriculteurs et des formations est organisé. Enfin, des conférences en début et en fin de projet, une page internet, des articles dans les journaux agricoles ainsi que des folders de présentation  assurent la publicité du projet.

Résultats attendus

La confrontation des conseils prévisionnels de ces outils avec les mesures effectuées lors des différents essais permettra de mettre en avant les modifications de paramétrage à effectuer, de manière à correspondre plus précisément aux conditions pédoclimatiques dans lesquels ils sont utilisés.
A terme, leur utilisation à plus grande échelle afin de fournir aux agriculteurs des conseils de fertilisation mieux ajustés permettrait de diminuer la pollution générée par la fertilisation azotée.

Résultats obtenus

Le projet SUN a pris fin au terme de sept semestres d’activités. Les outils de conseil de fertilisation développés soit dans l’Aisne soit en Wallonie ont fait l’objet d’un transfert vers les partenaires associés : des formations ont été organisées ; le transfert des références en vue d’une harmonisation de celles-ci est effectif ; le paramétrage a été finalisé et les premiers conseils élaborés avec ces outils ont pu être présentés et discutés entre les opérateurs du projet. De plus, les résultats des expérimentations agronomiques mises en place de manière concertée ont été intégrés dans les travaux de paramétrage pour contribuer à améliorer les conseils (Azofert) et les prédictions (Reliquat Virtuel).

 

En matière d’évaluation environnementale de ces outils, les deux partenaires INRAFR et GxABTB ont échangé leurs outils d’évaluation et assuré la formation pour le partenaire associé à l’utilisation de ceux-ci. Les premiers essais ont eu lieu (INRAFR et GxABTB) dans chaque versant grâce à l’appui du partenaire (INRAFR ou GxABTB). Les différents tests réalisés ont permis une amélioration concertée (INRAFR et GxABTB) des modèles. Conformément au programme, des scénarii de pratiques agricoles ont été testés dans le cadre de ce projet (évaluation environnementale). Les contours de ces scénarii ont été élaborés et discutés avec tous les opérateurs du projet, groupe élargi pour l’occasion à d’autres organismes français ou belges et à des agriculteurs.

L’encadrement des agriculteurs pour une utilisation plus durable de l’azote est effectif. Dans ce cadre, plusieurs réunions d’échanges ont eu lieu entre les conseillers agricoles des régions concernées pour un transfert d’expériences et d’outils en matière d’encadrement. Des journées de formations/visite d’essais agronomiques à l’attention des agriculteurs français et belges ont été organisées dans un partenariat étroit; ponctuellement en collaboration avec d’autres projets financés par le programme Interreg IV (Inter’Herbe et Dairyman).

 

Depuis la conférence de presse organisée en début de projet, plusieurs articles et documents (dont trois calendriers (2011, 2012 et 2013) avec agenda franco-belge des formations et autres foires agricoles à l’attention des agriculteurs) ont été rédigés/conçus et distribués en plusieurs milliers d’exemplaires. A chaque reprise, ceux-ci ont été l’occasion de mettre en avant le programme et le projet.

Contribution

Le projet SUN a permis au CRA-W, via les interactions établies entre les partenaires français et wallon, de prendre connaissance du logiciel AzoFert®, de son fonctionnement et de ses avantages. Plusieurs adaptations du paramétrage ont été nécessaires à sa mise en œuvre en Wallonie : l’acquisition des données climatiques, la subdivision du territoire wallon en différentes zones climatiques, l’établissement d’un nouveau catalogue des principaux types de sol présents en Wallonie ainsi que la modification de la composition en azote des engrais de ferme spécifiques à la région.

Le travail réalisé a également permis d’effectuer quelques améliorations au logiciel. D’une part, des informations sur les besoins de cultures maraîchères disponibles suite aux recherches menées antérieurement au CRA-W sur Azobil ont pu être intégrées à la version wallonne d’AzoFert®. D’autre part, la recherche de complémentarité entre les logiciels Valor et AzoFert® a non seulement permis de prendre en compte une diversité plus importante de types d’engrais de ferme mais a également mis en évidence le gain de précision que peut amener Valor sur les quantités d’engrais de ferme apportées par les agriculteurs sur leur parcelle, ce qui mène in fine à un conseil AzoFert® plus pointu.

La validation du paramétrage et du conseil de la version wallonne d’AzoFert® montre que ce dernier mène à des doses d’azote préconisées plus proches de la dose optimale qu’Azobil, principalement en raison de l’approche dynamique de la minéralisation des différents types de sources organiques qui donne de meilleurs résultats que les valeurs forfaitaires utilisées par Azobil. Ce gain de précision mène également la plupart du temps à une diminution des reliquats azotés post récolte (résultats non présentés dans ce rapport synthétique).

Il faut garder à l’esprit que AzoFert® reste un logiciel de modélisation et n’est dès lors pas infaillible : la dose calculée est une dose prévisionnelle basée sur un objectif de rendement, qui se doit d’être réaliste, et sur des données météorologiques qui sont pour partie des moyennes historiques. Il existe donc toujours une incertitude liée à la simulation des fournitures qui peut mener à des imprécisions, par exemple dans le cas d’épisodes climatiques extrêmes (sécheresse, températures basses prolongées, etc.). A cet égard une assurance peut être prise après la récolte de la culture, en implantant une CIPAN, ou même pendant la période de culture, grâce à l’utilisation d’outils de mesure du statut azoté des plantes. Dans ce dernier cas, la méthode consiste à fractionner en deux ou trois apports la dose préconisée par l’outil de conseil de fumure. Le premier apport est réalisé à l’implantation de la culture ou à la reprise de végétation au printemps et les fractions suivantes sont modulées en cours de culture dans le cas d’un déficit azoté détecté par les outils de mesure du statut azoté.

Il est prématuré d’envisager une utilisation en routine d’AzoFert® en Wallonie à l’heure actuelle car sa mise en œuvre et sa validation doit être étendue à l’ensemble des situations de cultures rencontrées en Wallonie (types de sol, zones climatiques, situations avec apports fréquents et/ou en grandes quantités d’engrais de ferme). On peut néanmoins déjà envisager son utilisation comme méthode de référence pour déterminer un conseil de fertilisation azotée, pour des parcelles dont l’historique est bien connu et dont les fiches de renseignements sont complétées de manière rigoureuses. Actuellement, son utilisation peut être envisagée à titre d’essai par les laboratoires du réseau Requasud, qui édictent des conseils de fumure azotée sur l’ensemble des zones cultivées en Wallonie.

Partenaires

- ULG-Gx ABT – Sciences du sol
- CRA-W
- Nitrawal asbl
- INRA Laon
- LDAR
- Chambre d’Agriculture de l’Aisne
- ITB
- IRBAB
- Chambre Régionale d’Agriculture du Nord-Pas de Calais
- Réquasud

Coordinateur hors CRA-W

Christophe VANDENBERGHE ULG-Gbx ABT - Science du sol Passage des déportés, 2 B-5030 Gembloux Tél. : +32 (0)81 62 25 40 Fax : +32 (0)81 62 25 29

Financement

  • CE - Politique régionale - FEDER
  • CRA-W - Centre wallon de Recherches agronomiques

Equipe