01 Janvier 2018

Grandes Cultures Bio

Développement d'une expérimentation visant à maintenir une rentabilité suffisante sans élevage et en se privant des cultures légumières. Deux systèmes de culture ont été définis.

Contexte

Après consultation des acteurs de l'agriculture biologique, il apparaît que l'une des principales questions émergeant du secteur agricole biologique concerne la gestion des adventices et la fertilité du sol au sein des exploitations en grandes cultures sans élevage. Actuellement, ces deux contraintes sont notamment gérées, pour la première, par le recours à un outillage de désherbage mécanique performant, éventuellement couplé à de la main d'œuvre étrangère et, pour la seconde, par l'utilisation d'engrais organique du commerce. Ces intrants très onéreux sont rentables grâce à l'introduction dans la rotation de cultures de légumes, à haute valeur ajoutée (pois, haricot, carottes).

L'enjeu majeur qui en ressort est donc de parvenir à maintenir une rentabilité suffisante sans élevage et en se privant des cultures légumières. Tous les agriculteurs qui souhaitent se convertir à l'agriculture biologique n'ont en effet pas la possibilité d'opter pour ces cultures de légumes et doivent donc trouver des alternatives au sein de leur système.

Méthodologie

Afin de répondre à ces enjeux, deux systèmes ont été définis dans le cadre de la plateforme Grandes Cultures Bio et visent à limiter le recours à ces intrants pour réduire les coûts :

  • Le système autonome : vise à limiter les apports exogènes d'azote et de phosphore et à les compenser par le recours fréquent aux légumineuses sous diverses formes (en culture principale, en association, en couverts végétaux, en sous couverts ou durant les intercultures). Cette pratique présente le double avantage de participer à l'amélioration de la fertilité du sol tout en limitant le développement excessif des adventices, et permettra, le cas échéant, de diminuer les coûts relatifs à ces deux postes.
  • Le système "ABC" (agriculture biologique de conservation) : à la limitation des apports d'intrants exogènes vient s'ajouter, dans ce système de culture, la pratique du non-labour de manière à favoriser le développement de la vie du sol et à en améliorer encore la fertilité. Ce système est en rupture marquée avec les pratiques des agriculteurs car le labour est un des principaux outils de gestion des adventices. Celles-ci seront gérées par les couverts et/ou par les interventions en interculture.

Ces deux systèmes seront comparés à un système considéré comme référence, caractérisé par un outillage de désherbage performant et une fertilisation azotée basée sur le recours à des apports exogènes (engrais organiques du commerce, engrais de ferme ou MO diverses en fonction de la possibilité d'approvisionnement).

SdC Dénomination Fertilisation Intensité de travail du sol Rotation
1 Système de référence Apports EOC* Labour Cultures pures
2 Système autonomie Pas d’EOC* Labour Cultures associées et légumineuses
3 Système « ABC » Pas d’EOC* Non labour Cultures associées et légumineuses

*EOC = Engrais organique du commerce

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Les rotations retenues pour tester ces deux systèmes et le système de référence s’étalent sur sept ans. Une durée de deux rotations complètes est prévue pour suivre l’évolution d’indicateurs et ainsi apprécier sur le long terme les effets et les performances des techniques et itinéraires culturaux suivis.

Les indicateurs qui permettent l’évaluation des SdC sont répartis selon les différents compartiments d’intérêts et nécessitent l’implication de nombreux partenaires, internes au CRA-W ou issus de collaborations externes :

  • Sol : caractéristiques chimiques (éléments majeurs, teneur en C et humus, pH), physiques (stabilité structurale), résidus de pesticides suite à la conversion
  • Plantes : paramètres de production (rendement, qualité), état sanitaire (développement des maladies et ravageurs, population d’adventices)
  • Economiques : marge brute
  • Durabilité, analyse du cycle de vie, bilan carbone

L’expérimentation est également conçue dans le but de servir de support à des études annexes et à accueillir des thématiques de recherches liées à l’agriculture biologique.

Le dispositif expérimental comprend trois parcelles de 12 m de large sur 200 m de long par SdC, soit neuf parcelles de dimensions conséquentes, de manière à se rapprocher des conditions de travail de celles d’un agriculteur. Les trois parcelles d’un même SdC accueille des cultures successives de la rotation. Ainsi en 2022, pour le SdC de référence, une parcelle était emblavée en orge brassicole, une en maïs grain et une en féverole. Ce dispositif, en accumulant les résultats année après année, va permettre de tirer les premiers enseignements sur les SdC étudiés sans avoir à attendre la fin d’une première rotation.

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Superficie totale : 5 ha

Un projet subsidié par le Plan Bio 2030 

Equipe