ADASCIS

Les techniques d'observation de la terre comme support aux systèmes d'évaluation des dégâts dans le cadre des assurances récoltes.

Contexte

Au cours des prochaines années, les exploitations agricoles européennes vont vraisemblablement devoir faire face à une augmentation de l'instabilité de leurs revenus. Les agriculteurs risquent en effet d'être de plus en plus souvent confrontés à des risques liés aux fluctuations des prix et à des risques liés aux aléas climatiques.

Les risques liés à la variabilité des prix étaient minimisés jusqu'ici grâce au soutien des marchés et des prix par la Commission européenne. Aujourd'hui, la diminution progressive des aides agricoles et la suppression des prix garantis mettent l'agriculteur en situation de dépendance directe vis-à-vis du marché.

Les risques liés au climat ont tendance à augmenter suite aux effets des changements climatiques et à la multiplication de phénomènes climatiques d'ampleur inhabituelle (sécheresses, coups de chaleur, pluies violentes, tempêtes), pouvant provoquer de grandes variations de rendements. La spécialisation des exploitations amplifie aussi la sensibilité des exploitations aux aléas climatiques et renforce la nécessité d'améliorer les mécanismes de protection des exploitations.

Dans ce contexte, une meilleure gestion des risques naturels est donc souhaitable, car conjugués aux risques des prix, ils peuvent générer des risques de perte de revenu importants.

Un règlement de la Commission européenne (1857/2006) rend dorénavant possible, la mise en place, par les États, de mesures pour compenser les pertes subies par les agriculteurs suite à des conditions météorologiques défavorables. Il propose un recours aux assurances récoltes comme complément ou alternative au système des calamités agricoles.

En Belgique, certains risques agricoles sont couverts par le Fonds des calamités. Le Ministère Fédéral de l'Economie, des Classes moyennes et de l'Energie qui est en charge de la gestion de ce Fonds, souhaite améliorer le fonctionnement du système afin de garantir une meilleure réactivité face aux crises et d'accroître l'efficience dans la gestion des dossiers. Il s'agit notamment de diminuer le délai important existant dans la procédure de reconnaissance des calamités, de faciliter l'éligibilité des dossiers de demandes d'indemnisation, d'assurer une cohérence et une uniformité dans le traitement des dossiers et dans l'estimation des pertes encourues, et enfin de diminuer le caractère tardif du paiement.

En améliorant la procédure de gestion du Fonds des calamités et en se dotant d'outils d'aide à la décision, les Pouvoirs Publics peuvent aussi jouer un rôle en fournissant de l'information relative aux risques liés aux rendements au secteur des assurances belges. La mise à disposition de données historiques fiables, permettant de définir des niveaux de risques est susceptible de faciliter le développement de nouveaux produits d'assurance récolte couvrant les risques de moindre ampleur.

Objectifs

Les informations provenant des techniques d'observation de la terre sont aujourd'hui largement utilisées pour estimer les rendements des récoltes. Cette source d'information peut aussi être exploitée pour évaluer les dégâts occasionnés aux cultures par des conditions climatiques défavorables.

Le projet ADASCIS a permis de fournir un outil permettant au Ministère Fédéral de l'Economie, des Classes moyennes et de l'Energie de suivre l'évolution d'indicateurs de rendements au cours du temps, d'estimer les zones à risques et d'évaluer les dégâts agricoles dans le cadre d'une calamité. Le prototype d'application qui a été développé et qui utilise les informations issues de l'imagerie satellitaire et des informations agro-météorologiques, permet de fournir une appréciation générale des dégâts au niveau du territoire.

Dans le contexte plus large des assurances récolte, l'outil, via la création de cartes de risque, permet de mieux comprendre quelles sont les conditions requises pour le développement de nouveaux produits permettant de répondre à la fois aux besoins du secteur privé (assureurs, agriculteurs) et des administrations publiques.

Description des tâches

1) Analyse des besoins des utilisateurs et étude des produits et systèmes existants

Dans une première phase, le projet s'est attaché à décrire le contexte général européen dans lequel s'inscrit le projet ADASCIS et à analyser les besoins du Ministère Fédéral de l'Economie, des Classes moyennes et de l'Energie et du secteur des assurances.

Cette étape a été essentielle afin de déterminer quelles étaient les informations nécessaires pour développer un produit d'évaluation des dégâts aux cultures. Les conditions de développement du système ont pris également en compte les contraintes techniques liées à l'implémentation du système et à l'utilisation de données d'observation de la terre.

Parallèlement, l'analyse des systèmes d'assurance récolte et systèmes d'information existants dans les autres pays ont permis de définir un système d'information adapté à la Belgique.

2) Définition d'indices de risque

Une phase importante du projet a été la sélection d'indicateurs traduisant les dégâts subis par les cultures.

Ces indicateurs sont basés sur des données provenant de données météorologiques, de modèles agro-météorologiques et de données issues de l'imagerie satellitaire basse ou moyenne résolution.

Les valeurs des indicateurs ont été comparées à des valeurs de référence établies sur des données historiques.

A l'échelle régionale, le calcul des indicateurs a permis d'identifier des zones à problème récurrent (retard de croissance, rendements bas, faible humidité des sols) ou à risque plus élevé.

3) Génération d'une base de données d'indicateurs de dégâts et de risque

Les indices ont été calculés à différents niveaux de représentation (pixels, GRID, Communes) et implémentés dans une base de données :

•· Au niveau de la commune : l'agrégation des données satellitaires, du système B-CGMS et du LPIS, a permis de calculer les indices pour une commune donnée et de les comparer à des données historiques. Le prototype a permis la production de cartes de dégâts et de cartes de risque.

•· Une étude détaillée, utilisant des images satellites à très haute résolution et des images SAR, a été menée sur deux sites particuliers afin d'évaluer les résultats obtenus grâce aux données de moyenne résolution

4) Développement d'un système d'information de risque

Un prototype d'application informatique permet à l'utilisateur d'accéder à des informations à l'échelle de la commune. Il permet de quantifier et de visualiser sur des supports cartographiques les différents indicateurs de dégâts ou de risque.

Résultats obtenus

Identification d'indices de culture pertinents basés sur les données d'observation de la terre, des bases de données météorologiques et les modèles agro-météorologiques.
Développement d'un prototype de service d'information pour l'évaluation des dégâts des cultures permettant de suivre l'évolution des paramètres, d'évaluer des dégâts et de définir des niveaux de risque.

Plus spécifiquement,

Pour le Fonds des Calamités, le projet a fourni un outil basé sur les technologies Web, permettant d'identifier les zones de calamité et de gérer l'éligibilité des demandes d'indemnisation au niveau communal. L'outil a permis d'évaluer l'étendue et l'intensité des dégâts causés par la sécheresse survenue durant la période de croissance de la végétation en 2011.
Pour les administrations régionales et nationales, l'outil permet de fournir de l'information sur l'état des cultures
Pour le secteur des assurances, la base de données historiques peut être exploitée pour la création de nouveaux produits d'assurance.
Pour les partenaires scientifiques, les résultats du projet sont la migration de B-CGMS vers une version plus récente, l'utilisation du prototype pour produire les cartes d'un bulletin agrométéorologique et la combinaison d'indicateurs pour l'évaluation des dégâts dans les cultures.