Damien, bioingénieur de 42 ans, a débuté sa carrière à l’Université de Liège. Il y a travaillé sur la modélisation des rendements agricoles au Sénégal sur base de données météo. Il enchaîne ensuite différents postes à l’étranger, toujours en lien avec l’agrométéorologique et la prévision des rendements.
En 2012, il entre dans la recherche agronomique via l’asbl Pameseb . L’objectif de cette structure est la gestion d’un réseau de stations météo connectées, la récolte des données et le conseil aux agriculteurs dans le but de mieux doser et réduire les traitements tout en protégeant efficacement les cultures. Depuis 2015, ce projet est intégré au CRA-W.
Sa passion pour l’agrométéorologie s’est confirmée. Elle était née sur le terrain, au fil de ses premières missions.
La plateforme Agromet.be, un outil utile et fonctionnel
Sa plus grande fierté reste la mise en place de la plateforme Agromet.be, associée à plusieurs Outils d’Aide à la Décision (OAD). Désormais bien installée, la plateforme est devenue incontournable pour les agriculteurs, les étudiants et les chercheurs, et compte déjà 1 160 utilisateurs (chiffre d’avril 2025).
Outre cet aspect concret et porteur de sens, Damien apprécie la polyvalence de son métier. Il alterne travail de terrain, analyse de données et coordination d’équipe. Son rôle consiste aussi à faire le lien entre des experts de disciplines très différentes, qui doivent collaborer efficacement autour d’objectifs communs. Quand il le faut, il ne néglige pas une intervention sur le terrain pour diagnostiquer un dysfonctionnement, brancher un capteur, configurer un data logger, …
Créer un OAD, un vrai travail d’équipe
Un OAD (outil d’aide à la décision) repose sur un modèle prévisionnel conçu par des agronomes à partir d’observations de terrain. Un ravageur va émerger selon certaines conditions météo (température, humidité, précipitations). Une fois le modèle établi, les informaticiens interviennent pour en assurer le développement technique. Damien assure la coordination entre ces compétences multiples, pour garantir un outil fiable, clair et utile.
Quel est le quotidien d’un ingénieur en Agrométéorologie ?
La journée commence souvent par l’analyse des données transmises par les 33 stations météo du réseau. Chaque station comprend environ 10 composants, soit près de 330 variables à contrôler chaque jour. Ce travail est aujourd’hui assuré par Valéry Michaud, jeune ingénieur arrivé récemment au CRA-W. En cas d’anomalie, il faut remonter à la source : capteur, data logger, serveur ? Une fois le diagnostic posé, l’équipe planifie les actions de maintenance : un pluviomètre à déboucher, un capteur à vérifier, un thermomètre mâchouillé par un daim à remplacer, …
S’ajoutent à cela les nombreuses réunions : développement de nouveaux outils, échanges avec les partenaires, groupes de travail, ou encore organisation d’événements de communication.
La recherche, un travail de passionné
Ce qui rend la recherche publique à la fois exigeante et passionnante, c’est qu’elle repose, en grande partie, sur l’enthousiasme et l’adhésion des partenaires. Avant l’obtention d’un financement, il faut initier une dynamique, souvent à l’initiative du chercheur, et convaincre sur la base d’une intuition, d’un potentiel. Il faut alors démontrer l’intérêt du projet, ses retombées concrètes pour le secteur agricole, et fédérer les énergies autour d’une idée encore en devenir.
Dans le cas d’Agromet.be, la complexité et la richesse du projet résident dans sa transversalité. Il se trouve à la croisée de nombreuses disciplines : l’agronomie, l’électronique, les télécommunications, l’informatique… mais aussi le marketing. Car même si la plateforme est gratuite pour les agriculteurs, il faut la faire connaître, en expliquer l’intérêt, montrer les bénéfices d’un usage régulier. Cela implique de travailler l’aspect relationnel, d’adopter une posture orientée "client", et de construire une vraie confiance autour de l’outil.
Un conseil pour les futurs chercheur·euses ?
Il ne faut pas hésiter à aller sur le terrain. Aller à la rencontre des agriculteurs, des structures d’encadrement, des scientifiques. C’est en étant à l’écoute des réalités de chacun qu’on peut développer des outils qui répondent aux besoins.
Et demain ?
Avec le changement climatique, le besoin en données météorologiques au sol de référence, bien calibrées et rigoureusement suivies ne fera qu’augmenter. C’est là toute la force du réseau Pameseb, qui continuera à jouer un rôle clé dans l’accompagnement des agriculteur·rices.
Un travail utile et collaboratif
Le métier de chercheur·euse est plus que jamais indispensable dans le contexte actuel. Le CRA-W favorise une émulation propice au travail créatif de la recherche, grâce à une ambiance positive et une dynamique humaine nécessaire au succès et à la satisfaction quotidienne dans ce métier.