22 Septembre 2022

Évaluation de la contribution des élevages laitiers à la sécurité alimentaire

Produire mieux sur les surfaces disponibles en évitant la compétition avec l’alimentation humaine : le projet AUTOPROT étudie les perspectives des élevages laitiers de la Grande-Région.

Dans le cadre de ce projet INTERREG, la contribution à la sécurité alimentaire a été étudiée sous deux angles :

(1) la compétition de l’élevage avec l’Homme pour les ressources alimentaires grâce à l’indicateur d'efficience nette représentant le ratio entre les productions (lait et viande) et les aliments comestibles par l’Homme consommés par le bétail,

(2) l’utilisation de terres cultivables et totales (cultivables + prairies permanentes) par unité d’aliment produit. L’unité choisie est la protéine, un élément clé des productions animales pour l’alimentation humaine.

Premièrement, nous avons estimé la part de protéines comestibles et l’utilisation de terres associées à la production d’aliments composés concentrés utilisés en Grande Région. A partir de 210 recettes du commerce, nous avons montré que les concentrés contiennent, en moyenne, 20% de protéines qui pourraient être directement intégrées dans notre alimentation et utilisent, en moyenne, 1 m²/kg pour les concentrés de production et 1.2 m²/kg pour les concentrés protéiques. Sur base de ces estimations, les exploitations laitières étudiées présentent une efficience nette de 2,5 (± 1,1), ce qui montre qu'elles produisent en moyenne 2,5 fois plus de protéines valorisables par l’Homme que leur troupeau n’en consomme. Par ailleurs, la ferme laitière moyenne utilise 37 ± 15 m² de terres dont 9,0 ± 5,2 m² de terres cultivables pour produire 1 kg de protéines à destination de l’alimentation humaine.

Les exploitations herbagères utilisent globalement moins de terres cultivables par kg de lait et ont une meilleure efficience nette grâce à une forte utilisation d’herbe et une utilisation réduite de concentrés. En général, les exploitations à haute efficience nette sont également associées à une meilleure rentabilité au kg de lait et à de bonnes performances environnementales (en terme de solde azoté et gaz à effet de serre). Par contre, le lien entre l'autonomie et la contribution à la sécurité alimentaire n'est pas univoque. Là où la production d’herbe sur l’exploitation améliore les deux aspects précédemment cités, la production de certains concentrés (céréales) ou de maïs ensilage améliore l’autonomie mais pénalise la contribution à la sécurité alimentaire car ces aliments sont en compétition avec l’alimentation humaine et utilisent des terres cultivables.

Les conditions pédo-climatiques, les législations et la disponibilité des ressources impactent le développement du secteur laitier. Il est donc important, lors de la comparaison des exploitations et de leurs pratiques, de prendre en compte le potentiel de production local. Cet aspect est étudié dans le cadre de la thèse de doctorat de C. Battheu-Noirfalise (FRIA).

Financement : Programme Interreg V et la Wallonie

Equipe