« On ne peut pas faire plus de terrain ! »
Aujourd’hui, nous allons à la rencontre de deux jeunes femmes dynamiques qui exercent un métier peu ordinaire.
Sophie travaille au CRA-W depuis 1 an. Titulaire d’un bachelier en Agronomie, elle a passé 6 ans à l’Assurance Qualité dans une industrie pharmaceutique. Un travail solitaire et de bureau qui lui a donné envie de se tourner vers le terrain.
Laurie, quant à elle, est une fille de ferme passionnée d’agriculture depuis toujours. Après son bachelier en Agronomie, elle n’avait qu’une seule envie : un travail utile pour soutenir les agriculteurs. C’est ainsi qu’elle a postulé au CRA-W, où elle travaille depuis six ans au Service Inspection Pulvérisateurs.
Toutes deux ont obtenu l’agrément ISO 17020 (BELAC) pour devenir Inspectrice Pulvérisateur pour l’AFSCA. Cela implique une formation à l’engagement, ainsi qu’une formation continue avec supervision pour tout type de machine.
« On sait quand la journée commence mais on ne sait pas quand elle se termine. »
La saison de l’Inspection des pulvérisateurs s’étend du 1er mars au 30 novembre. Nos deux inspectrices parcourent toute la Wallonie, de Comines aux Cantons de l’Est, jusqu’aux confins de la Province du Luxembourg afin d’assurer le contrôle de chaque pulvérisateur. Chaque appareil doit être inspecté tous les 3 ans. Le planning de nos inspectrices est organisé 3 mois à l’avance par la secrétaire du Service, Nathalie Van De Walle. Au complet l’équipe tourne avec 3 contrôleurs et un suppléant.
Une journée commence toujours par la vérification du matériel. Ensuite, les rendez-vous se succèdent : contrôle des pulvérisateurs (rampe, buses, …), établissement des rapports et, surtout, explication du rapport et conseils aux agriculteurs. Un contrôle peut durer 45 minutes, avec entre 12 à 20 contrôles par jour, en fonction du nombre de machines aux alentours du site et du nombre d’inspecteurs présents.
Pendant neuf mois, nos inspectrices sont sur le terrain, par tous les temps : pluie, vent, tempête, canicule. Une journée par mois est consacrée à l’étalonnage du matériel de contrôle à l’atelier et au rangement de la camionnette qui contient tous les instruments de mesure.
Laurie et Sophie sont passionnées par leur travail et apprécient particulièrement le travail de terrain et le contact avec les agriculteurs.
Bien que nos deux inspectrices décrivent leurs journées avec enthousiasme, cette fonction bien particulière comporte des contraintes, en plus des défis liés au travail en extérieur par tous les temps.
La saison des contrôles s’étendant du 1er mars au 30 novembre, il est préférable que les contrôleurs prennent davantage leurs congés pendant l’hiver afin d’optimiser le nombre de contrôles pouvant être effectués. Cependant, des vacances peuvent être programmées durant la saison, à condition qu’elles soient prévues bien à l’avance. Les contrôles s’effectuent toujours à 2 inspecteurs au minimum. Si une journée de contrôle doit être annulée, elle devra être reprogrammée, obligeant ainsi tous les agriculteurs prévus ce jour-là à patienter pour un nouveau rendez-vous.
Des anecdotes de travail, Sophie et Laurie en ont à revendre.
Bien que le contrôle des pulvérisateurs existe depuis 30 ans, certains agriculteurs restent réticents, même si cela reste une minorité.
Laurie se souvient d’une rencontre marquante à la foire de Libramont : un agriculteur, qui avait initialement protesté contre les modifications imposées sur son pulvérisateur, est venu la voir pour la remercier. Une fois les ajustements réalisés, il avait constaté par lui-même que sa machine fonctionnait bien mieux.
« Mon papa, agriculteur, est fier du travail que fait sa fille ! »
Laurie prend son travail très à cœur. Sophie reconnaît que ce métier est gratifiant car l’objectif n’est pas de sanctionner les agriculteurs, mais de les accompagner pour garantir des pulvérisateurs performants. L’efficacité de ces machines protège non seulement les agriculteurs — y compris sur le plan économique — mais aussi les riverains et, au final, les consommateurs.
Une partie du travail est également très stimulante sur le plan intellectuel. Non seulement les technologies évoluent — comme les nébulisateurs rampes de serre ou la robotique — obligeant les contrôles à s’adapter, mais il y a aussi une recherche constante du meilleur conseil à donner aux agriculteurs pour optimiser leurs machines. Laurie explique qu’elle sollicite encore parfois son mentor, Pascal Bienfait, qui l’a formée et accompagnée au début de sa carrière, pour obtenir des précisions techniques.
« Nous devons être bien informées sur notre sujet. En tant que femmes, nous devons sans cesse prouver nos compétences. »
De manière générale, les journées sont riches en échanges positifs et en partage d’informations, ce qui motive nos deux inspectrices. Cependant, il peut arriver qu’un agriculteur réagisse mal à l’une de leurs remarques, cela peut peser sur leur moral. Dans ces moments-là, il est essentiel de rester soudées et de se soutenir mutuellement.
Sophie et Laurie recommandent ce métier à toute personne passionnée par un travail ancré dans la réalité de l’agriculture.
Sophie souligne qu’il est essentiel de savoir travailler en équipe, car elles passent neuf mois par an dans une grande proximité. Leur équipe est petite au sein d’une grande institution, et chaque jour, elles interviennent sur un site différent.
Le travail sur le terrain se déroule à un rythme soutenu, ce qui demande une bonne coordination. Elles doivent pouvoir se relayer, être interchangeable. L’entraide est essentielle pour assurer l’efficacité et la fluidité des inspections.
« Ce qu’on aime par-dessus tout, c’est le contact avec les agriculteurs et cette impression d’être utile », sourient Laurie et Sophie. En effet, chaque journée est différente et au fil des kilomètres et des rencontres, les deux inspectrices ont tissé une vraie complicité.