La présence de constituants bénéfiques pour la santé fait du marc de pomme un bon candidat pour aider le porcelet à passer le cap du sevrage. En effet, cette période critique en élevage porcin peut conduire à des diarrhées de post-sevrage affectant les performances et la santé intestinale du porcelet. Par ailleurs, le recours aux antibiotiques ou à l’oxyde de zinc comme traitement préventif n’étant plus autorisé dans l’Union européenne, des stratégies alternatives sont largement investiguées par la Recherche.
Au vu de ce constat, et dans une logique de valorisation de ressources locales (économie circulaire), le marc de pomme est passé sous la loupe des chercheurs du CRA-W pour en évaluer son intérêt potentiel. Cette nouvelle stratégie de sevrage permettrait de soutenir les performances et de renforcer la santé intestinale du porcelet.
Pour ce faire, l’évaluation a été réalisée en deux étapes : d’une part, en utilisant un modèle gastrointestinal in vitro – c’est-à-dire un équipement reproduisant en laboratoire le processus de digestion à l’aide de bioréacteurs, et d’autre part, en menant une expérimentation in vivo sur porcelets (voir CRA-W info #64).
En bioréacteurs, le marc de pomme a favorisé la production de propionate – un métabolite issu des fermentations intestinales impliqué dans le métabolisme énergétique et le système immunitaire – suite à un enrichissement relatif de l’écosystème en bactéries qui le produisent.
Les données in vivo corroborent cette observation : les porcelets recevant 4% de marc de pomme présentent un profil bactérien différent des autres, en lien avec les bactéries productrices de propionate en début de post-sevrage.
Le marc de pomme s’est donc avéré être une stratégie payante de sevrage durant les travaux de recherche. Un concept est d’ailleurs né, celui suggérant qu’au-delà des composés à connotation « santé », c’est aussi son profil en sucres simples qui rend le marc de pomme attractif pour une utilisation en post-sevrage. En effet, ces sucres simples représentent une énergie facilement assimilable par la muqueuse intestinale du porcelet à un moment de sa vie où son système digestif est encore relativement immature. De manière plus globale, les résultats montrent la complémentarité des approches in vitro et in vivo pour évaluer un coproduit à des fins alimentaires.
Cette recherche a permis la réalisation d’une thèse de Docteur en sciences vétérinaires soutenue par Sandrine Dufourny le 13 septembre 2022.
Financement_: fonds Moerman du CRA-W, projet COPROPIG; en collaboration avec ULiège (FMV et Gb-ABT) et UCL
