Objectifs du projet :
Sous l’impulsion de l’Union Européenne, des politiques régionales visant la réduction de l’utilisation de pesticides de synthèse en agriculture ont été mises en place. Encouragés par ces politiques volontaristes et une offre commerciale de plus en plus satisfaisante, les producteurs agricoles, maraîchers et fruitiers se tournent de plus en plus vers les solutions de biocontrôle pour la lutte contre les épidémies et bio ravageurs. Il subsiste toutefois encore des freins à une adoption plus massive. Tout d’abord, leur coût est souvent plus élevé que leurs alternatives de synthèse. Ensuite, leur efficacité est plus faible et moins reproductible dans les conditions de la pratique. Les produits de biocontrôle sont en effet la plupart du temps des agents aux modes d’action dits “multisites”. Leur performance est ainsi tributaire d’interactions complexes au sein de l’agro-système, entre la plante et son environnement ainsi que des modes de gestion. Des Outils d’Aide à la Décision (OAD) pour la planification des traitements peuvent aider à surpasser ces limitations. Ces systèmes numériques combinent des technologies de phénotypages pour détecter l’apparition des épidémies et leur propagation et le croisement de ces données avec d’autres informations telles que l’historique des sols, caractéristiques de la variété et les prédictions météorologiques locales pour fournir une prédiction du risque mieux ciblée temporellement et spatialement. Cette prédiction peut à son tour être utilisée pour définir des stratégies de traitement plus intelligentes par l’intermédiaires de systèmes d’alertes ou des solutions robotiques pour des traitements locaux. Le développement de ces OAD se heurte toutefois à ses propres difficultés. Le recours à des modélisations exploitant des observations et des facteurs de plus en plus locaux complique ainsi la transposition des résultats d’une région européenne à une autre. Le phénotypage est ainsi sensible à des facteurs tels que la variété, les propriétés physico-chimiques des sols et les stresses abiotiques induits notamment par l’hydrométrie et le changement climatique. La nature, la dynamique d’apparition et de propagation des agents phytopathogènes et ravageurs est également tributaires de facteurs régionaux.
C’est dans ce contexte que s’inscrit le projet Trans-e-Bio intégré au portefeuille Biocontrol 4.0. L’objectif du projet est de développer un ensemble d’outils numériques intégrés dans un outil d’aide à la décision (OAD) adapté aux spécificités des solutions de biocontrôle. Les points d’innovation majeurs du projet sont la détection in-situ de facteurs à risque locaux que sont la présence de spores aériennes d’agents phytopathogènes, de foyers d’infections locaux ou d’insectes ravageurs et leur prise en compte dans des modèles prédictifs du risque d’infection adaptée aux solutions de biocontrôle pour une meilleure estimation du risque d’infection d’un point de vue spatial et temporelle. Agriculteurs, maraîchers et producteurs fruitiers seront ainsi en mesure de mieux cibler leurs traitements et limiter l’usage de pesticides de synthèse au profit de solutions de biocontrôle, le tout au bénéfice d’une chaîne agroalimentaire plus saine pour les citoyens de la zone FWV et bien au-delà.
Partenariat :
Le projet Trans-e-Bio fait partie du portefeuille de projet Biocontrol 4.0 (programme Interreg VI France-Wallonie-Vlaanderen).Il s’agit donc d’un projet transfrontalier réunissant dans un partenariat de neufs institutions des Hauts-de-France, de Flandre et de Wallonie. Le projet est coordonné par Multitel Innovation Center et les partenaires impliqués sont l’Université de Liège Gembloux Agro-Bio-Tech, JUNIA, l’Université de Lille-IEMN Institute, le CARAH asbl, INAGRO, VIAVERDA, LUniversdité Catholique de Louvain (KUL) et le CRA-W.
Plus largement le projet Trans-e-Bio collabore étroitement avec les autres projets du portefeuille de projet BioControl 4.0 afin d’atteindre les objectifs globaux communs entre ces projets.
Actions du projet :
Un ensemble d’outils numériques intégrés dans un outil d’aide à la décision (OAD) adapté aux spécificités des solutions de biocontrôle seront développés. Au travers d’une meilleure prédiction du risque d’infection, les bénéfices escomptés sont :
1) Une planification plus efficace des traitements à base de solutions de biocontrôle,
2) Une réduction du coût de traitement via la diminution de la quantité de molécules dispersée grâce à la délimitation des surfaces et des périodes les plus à risque.
L’outil d’aide à la décision sera validé en étroite collaboration avec le projet Trans-Control qui assurera le déploiement en parcelles d’essais des agents de biocontrôle développés dans les projets Trans-Lipo et Trans-Pest. Quatre cas d’utilisation représentatifs des cultures et épidémies majeures rencontrées dans la zone transfrontalière ont été identifiés : le mildiou de la pomme de terre, la rouille jaune ou brune du froment d’hiver, le thrips du poireau et la tavelure du pommier.
Rôle du CRA-W :
Dans le cadre de ce projet, le CRA-W interviendra sur deux activités. La première est de comparer différents modèles de prédiction des émissions de spores et de prévision des risques d’infection pour la tavelure du pommier. En effet, il existe plusieurs systèmes utilisés sur la zone transfrontalière et dans les régions voisines. Une évaluation et une comparaison de certains de ces modèles serait donc intéressante afin d’évaluer leur taux d’efficacité par rapport à la situation de terrain réellement observée.
La seconde consiste en la comparaison de différents systèmes de capture de spores par rapport à un système de référence, toujours pour la tavelure du pommier. La méthode de suivi des émissions de spores à une grande influence sur l’évaluation du risque d’infection pour la tavelure du pommier. Comparer et évaluer ces méthodes de collecte permettrait donc d’améliorer la précision de l’interprétation des données fournies par les OAD.
Au niveau de la production fruitière, le CRA-W apporte
(i) son expertise en termes de recherche de stratégies innovantes pour optimaliser la protection des cultures
(ii) ses infrastructures de recherche dont des vergers expérimentaux certifiés BIO. Le CRA-W participera également à la diffusion des résultats du projet, d’une part via la presse écrite, tant professionnelle et éventuellement scientifique, d’autre part au travers l’organisation et de la participation à divers évènements (salons, foires, visites d’essais, …).
Financement
Ce projet s'inscrit dans le portefeuille Biocontrol 4.0.